Un jour de pluie, un jour d’hiver, le dessin d’une enfant

 

Le Grand Chef avait repris la situation en mains. Ce n’était plus aux médecins de décider du confinement. Le Grand Chef trancherait désormais. Un bien plus précieux prenait la tête : l’économie. Il en allait aujourd’hui de sa santé. De quelle économie parlait le Grand Chef ? Quelles productions et quelles consommations fallait-il sauver? Celles qui étaient essentielles? Lesquelles étaient essentielles ? Quelles vies devions-nous sauver ? Nous en étions arrivés à devoir choisir : sauver les vies de la covid ou sauver les vies de l’économie? A qui profitait vraiment l’économie ? Le « et » était-il seulement possible ? Et les enfants, qu’en pensaient-ils ?

Je regardais le dessin de cette enfant. Il était déjà tard et ma journée avait été bien remplie. Ce dessin allégeait mon âme. Il y avait un soleil tout jaune qui brillait avec ses deux yeux et sa bouche rouges en forme de coeurs. Un ciel tout bleu. De l’herbe. Le toit tout coloré d’une maison. A l’intérieur de la maison, deux chaises.Une table ronde au milieu. Sur la table, deux tasses. Au milieu, un plateau. Sur le plateau, quatre boules marrons. Des chocolats? A gauche, ce que je pris d’abord pour un gros poste de musique, était en fait un petit lit avec un enfant allongé dedans sur le côté. Je m’en rendis compte en tournant le dessin. Trois lettres s’en échappaient: « Z Z Z ». Juste au-dessus, un drôle d’enfant dans les airs était dessiné au crayon, à peine visible. Etait-ce l’esprit de cet enfant qui volait ? Ou son ange gardien ? A droite, un cube tout gris avec un carré rouge au milieu: était-ce un poêle? Au plafond, un rectangle rouge d’où partaient trois traits vers le bas semblait représenter une lumière. Je ne comprenais pas trop ce qui était dessiné à l’intérieur. Il y avait cette herbe également qui traversait la maison. Une part de mystère et de sagesse habitait le coeur de cette enfant. L’essentiel, au fond, n’était-il pas représenté dans ce dessin? L’amour ? Une lumière extérieure et une lumière intérieure. Ce qui éclairait et réchauffait. Le partage autour d’une table et la présence continue de la nature. Un ange protégeant l’enfant qui dormait. Dans ce tableau du bonheur, les deux chaises étaient vides. Qui était absent dans cette maison? Que pouvait signifier cette absence ?

Je regardais le film « Plonger » de Mélanie Laurent, jusqu’au moment où la jeune femme quittait son compagnon et son bébé. Sans doute, avait-elle besoin de repos. Voir plus clair dans sa vie. Se retrouver.

Retrouver ses origines ?

Un jour de pluie, un jour d’hiver, une enfant m’avait offert ce dessin, et, dans le ciel, brillait un soleil tout jaune, le désir du bonheur.

Thierry Rousse

Nantes, mercredi 3 février 2021

« A la quête du bonheur »

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