Trente huit mille mots
Le nombre suffisait-il pour dire ce que je ressentais, ce que je vivais, ce que je voyais ?
Trente huit mille mots de A à Z
De l’Amour à la Zen attitude
Trente huit mille mots qu’un dénommé Larousse avait défini pour nous
Pour nous apprendre à nous connaître, nous comprendre
Trente huit mille mots pour décrire le monde, les sentiments et l’inconnu
Trente huit mille mots piochés au hasard
Appétit brumeux
Défaillance du coeur
Globe-trotteur ravi au bord d’un précipice
Sauve-qui-peut
Des traînées blanches dans le ciel bleu
Parsemées dans nos yeux
La tentation était grande
Dominer nos consciences
Laver nos cerveaux de mots répétés en boucle :
« Port du masque obligatoire »
« Distanciation sociale »
« Isolez-vous, isolez-vous »
« Testez-vous, testez-vous, testez-vous, taisez-vous… »
Dissimuler mes sourires, mes grimaces, mes tristesses
Marquer mes distances avec toi
Me protéger
Me recroqueviller
Me blottir
M’isoler sur mon île
Me tester, encore me tester, me taire, surtout, me taire
En sortirais-je comme un vers de terre
Au bout de son couloir de solitude ?
Personne ne verrait mes larmes
Deux barres entre lesquelles j’étais enfermé, loin de la vie, voué à mon infortune
J’écartais les grilles, j’en sortais, j’étais guéri
Guéri de toute cette folie
J’échappais à mon maître
Je courrais dans les plaines, esclave affranchi
Libre et heureux
Un oiseau chantait dans ma tête
Trente huit mille mots à ré-inventer
Ré-inventer ce goût de vivre
Ce goût d’être ensemble
Apprendre à nous aimer simplement
Poser un baiser sur le ciel bleu infini de tes yeux
Rencontrer ton âme, ton éternité, ta douceur
Danser, danser encore pour exister
Trente huit mille mots sur le bord de nos lèvres
Correspondre l’un à l’autre hors du temps
Trente huit mille désirs d’une autre vie
D’une autre vie…
Thierry Rousse
Nantes, jeudi 27 janvier 2022
« A la bonne heure »