Sakura, les cerisiers du Japon

Les cerisiers du Japon étaient en fleurs

Quelle heureuse surprise de les découvrir

Presque partout

Le long des rues de Nantes

Ces cerisiers du Japon qui enchantaient mon coeur pas après pas

Pourquoi me fascinaient-ils autant

Était-ce la beauté de leurs pétales ouvrant leur trésor caché à mes regards

Fleurs du Japon

Sakura

Annonçant le printemps

Annonçant tous les poèmes que nous irions accrocher aux branches de leur coeur

Sakura

Peut-être parce que le ciel était décidément gris

Sakura

Peut-être parce qu’il pleuvait depuis cinq mois

Sakura

Peut-être parce Nantes la rebelle était envahie

Depuis quelques années de toutes ces grues glignotantes

De toutes ces tours qui s’élevaient en désordre

Voyage fatal vers le futur

Sakura

Peut-être parce que le béton grignotait les derniers espaces en friche

Les dernières voies ferrées

Les dernières usines définitivement fermées

Les dernières places de liberté

Sakura

Peut-être parce qu’il y avait toutes ces guerres interminables

Sakura

Peut-être parce qu’il y avait tous ces décrets de plus en plus répressifs

Sakura

Peut-être parce qu’il y avait de moins en moins d’espoir

Sakura

Peut-être parce qu’il n’y avait plus qu’un trou à ta ceinture

Sakura

Il restait les cerisiers du Japon

Dans ce chantier de vingtième et unième siècle

Dans cette coulée de béton et de verre

Dernier siècle des humains

Sakura

Peut-être parce que Nantes n’avait plus rien d’un Berlin

Sakura

Peut-être parce que Nantes enterrait son eau et se prenait pour Tokyo

Sakura

Peut-être parce qu’il nous resterait la désolation d’un urbanisme démesuré

Englouti dans le débordement des fleuves et des mers

Sakura

Peut-être parce qu’aucun bloc de béton et de verre ne pouvait contenir

Sakura

Peut-être parce que régnait sans rival le dérèglement général des guerres et des intérêts stratégiques

Sakura

Peut-être parce que l’homme meutri n’avait pas de limite dans sa vengeance

Sakura

Peut-être parce que le plafond bas du ciel etait gris de béton, de grues et de tours écrasées

Sakura

Peut-être parce que seules ses fleurs roses pouvaient nous ramener à l’envie

Sakura

La dernière espérance

Avant le verdict final

Sakura

Ras de marée

Extinction d’une humanité exténuée

Sakura

Bob

Tu chantais à l’instant

Au fond de ce café où j’écrivais mes pensées

Un rayon de soleil traversait mon coeur 

« Everything’s Gonna Be Alright »

Au Shake Point de Jane et Lucie

Les deux jeunes patronnes

Au joli corps tatoué

La guerre ne passerait pas ce samedi

L’amour avait rendez-vous avec les anges

Il était temps de quitter Napoléon

Et de retrouver

Les cerisiers du Japon

L’ultime appel à nous retrouver

Dernier élan de sororité

Derrière la vitre du Sakura Tram

Samouraï d’amour

Surfant le long du château et de ses chats errants

Sakura

Coulée verte des âmes retrouvées

Laisse partir ce vieux bateau de guerre

Laisse entrer ces voiles roses de la paix

Quarante pieds à danser

Quarante pieds à nous aimer

Porte ouverte d’un estuaire

Il était temps

De

Changer d’air

Sakura

Rafales de baisers

Sur les pétales des cerisiers

« Tout va bien se passer » (1)

Sakura sera notre force

La percée de nos rêves

Dans les murs des pouvoirs obsolètes

Sakura sera la force de nos sentiments dans nos têtes

Elan rose

Jolie couleur pour un printemps

Rose

Et renaître

Rose

Et renaître

Thierry Rousse
Nantes, lundi 18 mars 2024
"Une vie parmi des milliards"
(1) Bob Marley, « Everything's Gonna Be Alright »

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