Le petit Dali

Dali

Comment être à ce point

Si imbu de toi-même

Si ancré dans les lignes de tes mains

Dali

Par tes fines moustaches relevées

Et ton air hautain

Et excentrique

Tu amusais

Toute la galerie

Ou presque

A parler de toi

A la troisième personne

Monsieur Dali

Étais-tu vraiment drôle

Quand tu jouais à tirer sur les pigeons

Fier comme un roi

Quand tu méprisais ton chauffeur, ta maîtresse de maison, les modèles qui posaient pour toi

Tout ce monde ébloui ou acheté

Affairé à tous tes caprices

Petit Dali

Quand tu n’avais que cette préoccupation

Que tous les regards convergent vers tes petites moustaches à la fleur de Lys

Maître Dali

Tu étais

Bien petit

Dans ton palais

Toi

Qui ne faisais que te regarder

Te glorifier

Tu ajoutais

Une grisaille de plus

A ces jours de pluie qui n’en finissaient plus

Pauvre Dali

Ridicule baron d’Espagne

Triste portrait

Pourquoi

S’extasiait-on

Riait-on

Dès qu’on prononçait ton nom

Dali

Pinceau

Génie de quoi

De tous ses égos

Qui nous voulaient soumis

A ses folies

Peintre Dali

Toutes les guerres commençaient ainsi

Quand plus aucun sens de la vie nous reliait

Que le chaos des pulsions

D’auto-destruction

A moins que tu nous jouais cette funeste comédie

Les dédales de l’inconscient

Professeur Dali

Pour nous ouvrir les yeux

L’égo poussé à sa perte

Anéanti

Vagues souvenirs de tableaux surréalistes

Tout était fini

Petit Dali

Il était temps de grandir

Et de contempler l’infini

D’autres visages

La beauté des paysages

Avant que toutes ces guerres n’embrasent le monde

Dali

Toi

Moi

Si nous quittons nos miroirs

Et regardions l’oiseau qui veut vivre

L’oiseau qui veut retrouver son nid

Dans le désert

Petit

Dali

Thierry Rousse
Nantes, samedi 9 mars 2024
"Une vie parmi des milliards"
D'après le film « Daaaaaali ! » de Quentin Dupieux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *