LA RENTREE DES PLANTES

La rentrée

C’était la rentrée

Rentrer dans quoi

Rentrer chez moi

Tout était là

A sa place

Comme je l’avais quitté

Mon chez moi

Etagères

Livres

Objets

Cartes

Vêtements

Documents

Feuilles

Stylo

Table

Chaises

Lit

Assiettes

Verres

Couverts

Des simples couverts

Tout était à sa place

Les plantes avaient survécu à la canicule

Les plantes m’avaient attendu

Patiemment

Dans ce désert

Mon premier geste

Délicatement

En rentrant

Etait de les arroser

Mes plantes

Leur dire un mot

Juste un mot

Je suis là

Je suis revenu de mon périple

Descendu d’un estuaire

D’un Massif de montagnes jusqu’à vous

Mes plantes

Vertes

Toutes vertes

Toutes

Vertes

Elle, elle me souriait

Je lui souriais

Je respirais son air

Nous nous attendions l’un et l’autre

Google pourtant m’indiquait que l’air était mauvais

Que le maximun avait été enregistré

Une chaleur étouffante

Humide

Même ici

Une serre

Tout au sud de la Bretagne

A Nantes

Comment mes plantes pouvaient encore survivre à la fin d’un monde ?

Etre là chez moi et sourire

Sourire pour ne pas mourir

Sourire pour ne pas mourir

Sur un fil

Tendu

Savais-je encore écrire

Ecrire pour toi

Pour ta vie

Suspendue ?

Un mois sans toucher à mon stylo

Ou presque

Etait-ce vraiment comme le vélo

Ecrire ?

Reprendre aussitôt le rythme

La cadence

Une place dans la société

Sur le trottoir

Dans la rue

Le siège d’un tramway

La cour d’une école

Cette cadence que la société nous dictait

Ses heures de colle

Entièrement

Pédaler dans sa machine tropicale

Sans avoir le temps de réfléchir

Au sens de la vie

Au sens de la vie

Au milieu des travaux

D’une humanité en déroute

Taper dans un ballon

Au-dessus d’un grillage

Echappé du monde

Je regardais ma plante

Son paysage

Elle me ramenait à cet instant d’hier

Cette goutte d’eau

Cette rivière

Cette montagne

Et puis

L’océan

Et puis

L’océan

Toute l’eau du ciel renversé

Avec ses étoiles dedans

Avec ses étoiles dedans

Dis-moi qu’elles n’étaient pas des satellites

Dis-moi qu’elles n’étaient pas des satellites

Pas les étoiles

Dis-moi qu’il y a encore un espoir

Un infime espoir

Même bancal

Dans cette rentrée

Entre les classes

Un couloir de lumière

De liberté

Et de joie

Une plante

Dis-moi qu’il y a encore une plante

Mon Amie

Ma soeur

Mon frère

Encore une plante

A arroser

Sur cette Terre

Pour les enfants

Thierry Rousse

Nantes, le 7 septembre 2023

« Une vie parmi des milliards »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *