Jour de paix, jour de pluie

Drapeaux flottants de la Palestine

Entre remparts et miroirs d’eau

Nantes un samedi de novembre

Voix à peine audibles sous la pluie

Contant l’effroi

L’effondrement des toits

Et du jour tombant

Sur les visages des disparus

Des vies suspendues

Ne restaient que ces photos

Ces regards

Et nous au milieu

Si peu étions-nous rassemblés dans ce paysage ce samedi

Face à la foule se pressant dans les rues commerçantes aguicheuses

A croire que « assouvir son besoin d’acheter »

Primait sur la solidarité avec un peuple anéanti par une dictature colonialiste en rage

Vengeresse de ses victimes

Les légions des armées étaient aux aguets

Chiens de garde tapis prêts à bondir

Visages tendus

Emaciés

Nerfs agités

Quelle substance ces sujets avaient ingurgité

Quel gant de velours tenait leurs fils

Crocs d’acier acérés obéissant à leur maître

Première sommation sur les manifestants échappés hort circuit

Dépourvus d’autorisation

Déambulant dans un nuage de fumées colorées

Cris désarmés

Se trouvaient-ils des casseurs

Des détracteurs

Des récupérateurs

Dans toute opposition

Révolution

Manifestation

Nos légionnaires

Rangées de poireaux

Accouraient aussitôt à la sortie d’une ruelle

Entre les chalands indifférents

Préoccupés par leurs dépenses

Absurde épouvantable monde parallèle

Silence

Silence

Jour de paix dispersé

Place à la guerre des habitués

Rétablissement de l’ordre

De la terre et du ciel

Déluge d’apocalypse entre deux exposés

L’un le vendredi soir à l’Huma-Café

Carnets de prison codés d’Antonio Gramsci

Sous la botte fasciste de Mussolini qui ne comprenait rien à ses mots et le prit pour fou

Ce qui lui permit d’écrire

L’autre toujours en ce Lieu Unique

Samedi fin de journée

Rééquilibrage entre humains et animaux

Entité juridique de la Loire

Après tout ça

Tous ces mots

Ce grand débarras

La foule se pressait dans des divertissements

Pendant que des enfants mourraient encore

Sous la houle incessantes des tirs

Tout au bout de la Méditerranée endeuillée

Notre ville désaccordée ce samedi vivait encore

Son commerce aurait pu s’arrêter

Etre ville morte

Compatissante

Donner l’exemple à la Nation

Il n’en fut pas question ou peut-être

La perte était comptée

Impensable

Jour de paix

Jour de pluie

Vous aviez presque tout compris

Thierry Rousse

Nantes, samedi 18 novembre 2023

« Une vie parmi des milliards »

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