Mon Pote Agé ( épisode 7 )

 

Les fleurs, elles faisaient joli dans le jardin de Barnabé. Elles protégeaient les légumes de certaines petites bêtes, et, en plus, elles attiraient les abeilles.

ZZZZ…

Un essaim d’abeilles se mit à virevolter autour de Théo, puis, poursuivait gaiement son chemin, de fleur en fleur.

Théo : Je l’ai échappé bel, Barnabé !

Barnabé : N’aies pas peur, Théo, elles ne vont pas te piquer. Ce sont nos alliées. Sans abeilles, il n’y aurait point de vie dans mon jardin…  Sans abeilles, il n’y aurait point de vie dans mon…. Sans abeilles, il n’y aurait point de vie dans …. Sans abeilles, il n’y aurait point de vie… Sans abeilles, il n’y aurait point de…

Théo : Qu’est-ce qu’il y a mon Pote Agé ?

Barnabé : Rien, Théo.

Théo : Vous êtes sûr ?

Barnabé : Je suis sûr…

Théo : Alors, si vous êtes sûr, jurez serment sur la crinière de votre âne Apollon !

Barnabé : Je ne peux pas, Théo.

Théo : Vous ne pouvez pas ?

Barnabé : Non…

Théo : Alors, c’est que quelque chose vous tracasse …

Barnabé prenait une longue respiration, puis, il se confiait à Théo.

Barnabé : Les abeilles se font de plus en plus rares, Théo. Je les vois de moins en moins venir butiner dans mon jardin. J’ai beau agiter mon mouchoir bleu… Ohé, venez les Amies, je suis là !

Théo : Votre mouchoir bleu ?

Barnabé : Oui, le bleu est la couleur préférée des abeilles.

Théo : Comment le savez-vous ?

Barnabé: Je les guette à chaque printemps… Celle-ci c’est Bellador ! Regarde, elle commence toujours par butiner cette fleur aux pétales bleus. Si tu veux tout savoir sur la vie des abeilles, lis ce livre, Théo !

Théo : «  La vie des abeilles de Maurice Maeterlinck … S’il est certain que les abeilles communiquent entre elles, on ignore si elles le font à la manière des hommes. Ce bourdonnement parfumé de miel, ce frémissement enivré des belles journées d’été, qui est un des plus doux plaisirs de l’éleveur d’abeilles, ce chant de fête du travail qui monte et qui descend tout autour du rucher dans le cristal de l’heure, et qui semble le murmure d’allégresse des fleurs épanouies, l’hymne de leur bonheur, l’écho de leurs odeurs suaves, la voix des oeillets blancs, du thym, des marjolaines, il n’est pas certain qu’elles l’entendent. Elles ont cependant toute une gamme de sons que nous-mêmes discernons et qui va de la félicité profonde à la menace, à la colère, à la détresse…»(*). Il est compliqué votre livre, Barnabé !  Et il ne répond pas à ma question. Pourquoi les abeilles se font de plus en plus rares ?

Barnabé : ça, c’est une affaire d’adultes, Théo !

Théo : Une affaire d’adultes ? Mais je suis grand, moi, maintenant, j’ai sept ans! J’ai le droit de savoir la vérité, toute la vérité !

Barnabé : La vérité, toute la vérité ? La vérité est que l’adulte oublie souvent, qu’il était comme toi, avant, un enfant, qu’il s’émerveillait devant la nature et en prenait soin.

Théo : Comme vous, Barnabé, avec le vers de terre, la poule aux œufs d’or, grand-mère Salade, Panais le dur à cuire, Capucine …

Barnabé : Rassure-toi, Théo, je ne suis pas le seul ! Bien d’autres prennent soin de la Terre et de ses habitants. Ce n’est pas bien compliqué, il suffit d’aimer la vie !

(*) in « La vie des abeilles » de Maurice Maeterlinck, page 45, Fasquelle Editeurs

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