Blue Street

Blue Street

Du migrant

Blue Street

Face au vent

Tu lâches prise

En temps de crise

T’insistes plus

Tu y as cru

T’as espéré

Trop compliqué

T’as tout compris

T’es pas d’ici

T’es un migrant

Partout errant

Tu as écrit

Dans ton esprit

La tête en l’air

Je veux la mer

Bye pour de bon

Château-Landon

A Château d’Anne

Au pas des ânes

Longeant la Loire

Gonflé d’espoir

Blue Street

Du migrant

Blue Street

Face au vent

Marcel

Tu es l’immigré en terre bretonne

Deux ailes

Au fond des douves les cloches on sonne

Que viens-tu faire là

Avec ton air d’apparat

Toi le parigo de la région du Loing

Raconte-nous ta vie dis-nous tous tes besoins

Viens-tu voler le travail des habitants

Ceux qui vivent au pays depuis longtemps

Tu sais qu’on rêve tous du même métier

Ton nom est sur liste d’attente oublié

Catégorie métiers les moins désirés

Main d’oeuvre non qualifiée et peu payée

Blue Street

Du migrant

Blue Street

Face au vent

Hé toi Marcel qui as voulu venir chez nous

Devant nous commence par te mettre à genoux

Hé toi Marcel du vrai travail on va t’en trouver

Hé toi Marcel le blanc migrant le réfugié

Ne compte plus tes pieds

Et marche ici à pied

Tes compétences

Tes diplômes

Tes expériences

On n’en veut pas

On les a déjà

Ou faut vraiment que tu sois exceptionnel

Que tu brilles d’excellence

Toi l’artiste étranger

Inconnu

Poussière dans la rue

Transparent

Que tu nous fasses décoller au septième ciel

Au-moins ton exil aura un sens

Il te reste à chanter

Un pied dans le vide

En toute liberté

Le Blue Street

Du migrant

Le Blue Street

Face au vent

Tu lâches prise

En temps de crise

T’insistes plus

Tu y as cru

T’as espéré

Trop compliqué

T’as tout compris

T’es pas d’ici

Tu marches dans la nuit

Sous les lampadaires

Les étoiles de naguère

Tu t’imagines Petit Prince

Ta ville est un désert

Jadis était la guerre

Et forcément une rose t’attend

Noble migrant au coeur pur

Au-moins

Tu as fait deux heureux

Un samedi midi au miroir d’eau

Roméo tient la main de sa Juliette

Et tous deux s’aiment

Du plus beau

Du plus tendre amour

Pour toi

La voix fêlée

Tantôt aimée

Tantôt rejetée

Qui vient à toi

T’adresser une parole

Y’a le fossé des générations dit-on

Qui parfois retient la conversation

Toujours le Blues Street du migrant

Depuis longtemps

Tes larmes se sont envolées avec le vent

Tu descends l’étroite rue pavée

Tu te prends pour un saltimbanque

Au Moyen-âge

Il y avait une auberge bleu

Porte close de tous les désirs

Jouissances des corps ravis

Ton jazz ce soir a le blues

T’as juste envie de vivre

Être heureux

Est-ce la couleur bleu le bonheur

Tu poursuis ton chemin

Vers la sainteté

Tu croises le vieux Mathelin

Le dos courbé

Trente six ans à bâtir sa cathédrale et son château

Lui aussi était un migrant

D’un peu moins long

Ce Bon Maistre masson

Il venait de Tours

Il était corps et âme

Dévoué au son Duc le cinquième Jean de Bretagne

Jusqu’à soixante dix ans dans les tours

Les pigeons le voyaient affairé sur les chantiers

Ce brave Rodier Mathelin

Un marin en terre bretonne

Dans les douves on sonne les cloches

T’aimerais bien en être une

Main agile

Construire de tes mains

Le Chef d’oeuvre dont on se souvient

Une cathédrale de mots

Fragiles

Un château de sable fin

Petit Prince

Pour ta rose

Ta Duchesse

Tu lui offres

Une cour de tendresse

Tu oses

Enfin

Saisir sa main

Elle te sort de l’eau

Tu lui confies tes mots

Le Blues Street

Du migrant

Le Blue Street

Face au vent

Thierry Rousse
Nantes, samedi 25 mai 2024
#unevieparmidesmilliards

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