Trente huit mille désirs

 

Trente huit mille mots

Le nombre suffisait-il pour dire ce que je ressentais, ce que je vivais, ce que je voyais ?

Trente huit mille mots de A à Z

De l’Amour à la Zen attitude

Trente huit mille mots qu’un dénommé Larousse avait défini pour nous

Pour nous apprendre à nous connaître, nous comprendre

Trente huit mille mots pour décrire le monde, les sentiments et l’inconnu

Trente huit mille mots piochés au hasard

Appétit brumeux

Défaillance du coeur

Globe-trotteur ravi au bord d’un précipice

Sauve-qui-peut

Des traînées blanches dans le ciel bleu

Parsemées dans nos yeux

La tentation était grande

Dominer nos consciences

Laver nos cerveaux de mots répétés en boucle :

« Port du masque obligatoire »

« Distanciation sociale »

« Isolez-vous, isolez-vous »

« Testez-vous, testez-vous, testez-vous, taisez-vous… »

Dissimuler mes sourires, mes grimaces, mes tristesses

Marquer mes distances avec toi

Me protéger

Me recroqueviller

Me blottir

M’isoler sur mon île

Me tester, encore me tester, me taire, surtout, me taire

En sortirais-je comme un vers de terre

Au bout de son couloir de solitude ?

Personne ne verrait mes larmes

Deux barres entre lesquelles j’étais enfermé, loin de la vie, voué à mon infortune

J’écartais les grilles, j’en sortais, j’étais guéri

Guéri de toute cette folie

J’échappais à mon maître

Je courrais dans les plaines, esclave affranchi

Libre et heureux

Un oiseau chantait dans ma tête

Trente huit mille mots à ré-inventer

Ré-inventer ce goût de vivre

Ce goût d’être ensemble

Apprendre à nous aimer simplement

Poser un baiser sur le ciel bleu infini de tes yeux

Rencontrer ton âme, ton éternité, ta douceur

Danser, danser encore pour exister

Trente huit mille mots sur le bord de nos lèvres

Correspondre l’un à l’autre hors du temps

Trente huit mille désirs d’une autre vie

D’une autre vie…

 

Thierry Rousse

Nantes, jeudi 27 janvier 2022

« A la bonne heure »

Rendez-vous avec la page blanche

 

Le rendez-vous était fixé.

Ce samedi soir vingt deux janvier deux mille vingt deux.

Là où il y avait un temps calme, un temps vide pour écrire, entre deux.

Le vide d’une page blanche.

Quelles traces pouvais-je laisser sur une page blanche ?

La solitude d’une page blanche.

Un ange.

Un mot.

Deux mots.

Peut-être trois.

Avalanche de mots.

Des montagnes russes de joies et de vides.

Mobiles instants éphémères.

Entrées sous conditions.

Parcourir la ville.

Poursuivre.

Suivre.

Là où s’est permis.

Les ailes d’un ange.

Un garage reconverti, ouvert à tous les vents.

Wattignies à la quête de chansons.

Rencontrer William Sheller entre ses rayons d’habits et de roues de vélos, sonder ses yeux, lui glisser quelques mots.

« Et toi, comment vas-tu ? Où marches-tu ? Vers quel but ? »

« Je marche seul ».

William m’avait répondu.

Pondu quelques sons.

J’étais heureux.

Je suivais les traces de sa solitude sur les trottoirs de Nantes.

Champs de mots éparpillés, dispersés.

Un cortège devant l’hôpital rangeait ses banderoles.

Trop tard ou trop tôt ?

« Est-ce que j’écoute vraiment les besoins de mon corps ?

Est-ce que je ressens la précision des besoins de mon corps ? » (1)

Les besoins de chaque pas, l’un après l’autre, qui défilaient sur les trottoirs d’un samedi ?

Réussirais-je à me nourrir d’une alimentation vivante, composée essentiellement de végétaux crus biologiques ?

Autant de pensées qui traversaient ma tête.

Peut-être.

La dernière petite flamme s’était éteinte sur le réchaud de ma cuisine.

La bouteille de gaz était définitivement vide.

Alors, j’avais quitté ma maison, je relisais mes notes sur mon carnet blanc.

Notes blanches de mes lectures au fil des jours.

De mes jours et mes nuits blanches.

« Grâce à l’alimentation vivante, la sensation de vivre devient fascinante et la conscience du moment présent s’installe durablement. Cette alimentation porte en elle une inaliénable intention de respect infini pour la Vie, d’amour, de joie. Cette alimentation est vivante, elle est la vie, et elle inonde l’organisme de pétillement de vie, réveillant joyeusement les cellules, l’ADN et les structures les plus subtiles de l’être. L’alimentation vivante est véritablement source de réalisation de soi mais aussi de réconciliation avec la planète. L’homme et la Terre ne vivent-ils pas en quelque sorte l’un pour l’autre ? » (1)

L’un pour l’autre.

Me nourrir de moi et de toi.

Soigner mon coeur de douces étreintes.

Osez le grand amour à deux.

« Si vous vous encouragez mutuellement, une réelle intimité pourra naître ». (2)

Intimité d’un regard.

Reliés l’un à l’autre.

Monsieur Julon avait au-moins permis cela, lui qui voulait nous emmerder, avait réussi à nous faire exister.

Cette vie nous appelait à une toute autre vie.

« Mon Souffle t’élèvera au-dessus d’eux aussi légèrement que le vent soulève les ailes d’une cigogne au-dessus des bêtes sauvages ». (3)

Jusqu’ici, l’histoire avait été écrite, de guerre en guerre, par les maîtres qui voulaient posséder la Terre.

Nous étions conditionnés à leur paix sous condition.

La nuit était venue d’écrire l’histoire de lumière en lumière, la vivre au grand jour, sans condition.

La nuit était venue, entre ses anneaux de lumières, de nous affranchir, une bonne fois pour toutes, de nos maîtres.

Face à nos libérateurs, nous devions rester prudents.

Après avoir libéré Nantes des Danois, « Alain Barbetorte renforça son autorité sur les campagnes environnantes » (4)

Nous autres devions apprendre, avec le temps, à être les propres libérateurs de nos coeurs, les seuls accoucheurs de nos âmes.

Danser avec le Capitaine Alexandre après avoir enlacé nos mots à une scène ouverte au Champ libre de tous les possibles.

Ecrire, et bien plus encore, vivre, vivre, vivre . . .

Le rendez-vous était fixé.

Rendez-vous avec la nuit blanche.

Thierry Rousse

Nantes, samedi 22 janvier 2022

« A la bonne heure »

  1. « Alimentation Santé Planète, nourrir la vie », Jean Briffaut, édition La Maison Autonome.

  2. « Osez le grand amour », Susan Jeffers, édition Marabout.

  3. « La révélation d’Arès », édition Adira

  4. « Petite histoire de Nantes », Christophe Belser, édition La Geste

A la bonne heure

 

« A la quête du bonheur ».

Je venais de réaliser mon erreur en attribuant ce titre au blog que j’avais commencé d’écrire lors du premier confinement, deux années déjà écoulées, inattendues, étranges, angoissantes, révoltantes, joyeuses, tendres aussi.

Tant que j’étais à la quête du bonheur, je ne pouvais pas être heureux.

Le bonheur ne se demandait pas.

Demander le bonheur à l’autre, c’était comme lui demander « une petite pièce à son bon coeur ».

Demander le bonheur à l’autre, c’était dépendre de lui, de cet être qui me donnerait le bonheur s’il l’avait décidé.

Ce bonheur ne pouvait qu’être éphémère et fragile.

Si l’autre avait décidé, d’un coup, de se retirer de ma vie, ne plus m’écrire, ne plus me voir, je me retrouvais aussitôt anéanti, perdu au milieu d’un jardin, où le soleil, aussi radieux fusse-t-il, ne pouvait plus réchauffer mon coeur.

La peur de l’abandon était ancrée dans mon corps depuis l’enfance, malgré moi.

On n’écrivait pas sa vie quand on était tout-petit, on ne savait pas encore écrire, d’autres l’écrivaient pour nous, alors, on la subissait. Parfois, on se retrouvait comme l’enfant rejeté des autres, qui n’aurait jamais dû naître.

Je pensais avoir trouvé maintenant un bouclier, insensible aux aléas du monde.

Et, pourtant, je me retrouvais désemparé, affolé, ne sachant plus auprès de qui recevoir du réconfort.

J’avais beau entrer dans une librairie, parcourir les livres, ceux-ci ne parvenaient plus à remplir mon âme de joie. Je la quittais, marchant au bout d’une rue sans savoir qui m’attendrait au bout, qui me dirait les mots qui sécheraient les larmes de mon ciel.

J’entrais dans la nuit à la recherche d’une étoile qui me ramènerait à la vie.

Une longue nuit parsemée de sourires.

J’avais perdu mon bonnet rouge.

Je fis demi-tour, j’entrais de nouveau dans la librairie.

« Devant soi », un joli nom pour une librairie.

Devant moi, mon bonnet rouge était là, posé entre les livres.

Je cherchais des livres qui portaient le mot « nuit ».

« Histoires de la nuit », « La nuit des béguines », « La nuit aveuglante », « L’ombre de nos nuits », « La nuit juste avant les forêts », « Vol de nuit », « La nuit du coeur ».

Poésies de la nuit qui se livrait.

La poésie touchait à l’essentiel quand elle abandonnait son bouclier de rimes. Ses pages étaient alors des correspondances d’âmes et de coeurs blessés remplies du désir d’un amour si pur.

Le bonheur, je devais le vivre, ici et maintenant, à la bonne heure de l’instant léger, gracieux comme une plume.

La « Cocotte Solidaire » sur son île de paix devenait mon repaire où il faisait bon échanger, rire, chanter, danser, contempler la rivière, les fleurs, les rochers, les arbres-nuages, inventer des projets pour nous enrichir les uns des autres, des projets qui donnaient sens à la vie.

Le bonheur, il était en moi. Aimer, simplement. Simplement, aimer chaque instant, chaque vie.

Renouveler mon amour à l’infini, un amour qui ne cherchait pas à posséder l’autre, ni la Terre, ni le ciel, ni la rivière, ni les rochers, ni les fleurs, ni les arbres-nuages.

Autant de vies, autant d’amours.

Poser sur une page mon coeur, parce que, sans doute, je n’étais pas le seul à être traversé par le doute, les questions, les peurs, les histoires du passé enfouies qui remontaient parfois à la surface de l’eau.

Ecrire les lettres qui dansaient dans le ciel de l’hiver, le miroir des anges.

Au bout de la rue, m’attendaient mes amis.

A la bonne heure, je les prenais dans mes bras alors que Monsieur Julon criait : « Distanciation sociale ! Gestes barrières ! « .

Je sautais les barrières pour serrer contre mon coeur tous ces anges que j’aimais.

Ces deux années sans contacts m’avaient épuisé, vidé.

Du vide, ne pouvait naître que le meilleur à venir.

Thierry Rousse

Nantes, mercredi 12 janvier 2022

« A la bonne heure ».

Sur le chemin jaune de la vie

 

En ce dimanche pluvieux du mois de janvier, j’avais choisi le chemin jaune. Un chemin sans automobile. Comme un retour aux sources. Marcher. Rien que mes pieds et mes yeux pour marcher. Ne pas me tromper. Etre attentif. Observer. Chercher les flèches jaunes comme autant de trèfles au milieu des landes. Toujours, chercher. Ne pas m’égarer. Les croix jaunes m’indiquaient les chemins que je ne devais pas prendre. Il me suffisait de faire confiance. Confiance. Suivre toujours les flèches jaunes. Les flèches jaunes. Je finissais toujours par les trouver, les flèches jaunes. Je marchais. Un pas. Un autre pas. Marcher, encore, marcher, rapidement ou lentement. Seul. Un chemin qui ressemblait au chemin de la vie, en quelque sorte. Ne pas me tromper. Faire les bons choix : les bons choix professionnels, les bons choix d’activités, les bons choix pour ma santé, les bons choix pour mes projets, les bons choix pour mes relations amicales, les bons choix pour mes relations sentimentales, les bons choix. Vivre semblait consister à cocher des cases. Toujours, les bons choix.

M’étais-je trompé de chemin ? Regrettais-je ce que j’avais vécu ? Avais-je la sensation d’avoir perdu une partie de mon temps à marcher ? De m’être senti isolé, à l’écart, ou de m’être moi-même mis à l’écart du monde, une portée de notes, inconsciemment en dehors du temps ? M’étais-je perdu sur ce chemin au milieu des bois sous la pluie ? Où était l’océan, cet océan tant attendu ? La douce et belle plage, pétillante de vie et de rires dont je rêvais ? Avais-je fait le bon choix ? Je touchais, là, à la partie sensible de mon être sans le vouloir après avoir planché des jours et des nuits sur mon devoir. Une page blanche comme un nuage.

Faire confiance. Tant que je suivais ces flèches, je ne pouvais pas me perdre, rien regretter de mes pas, de mes choix, rien regretté de mon chemin parcouru. Rien n’était perdu, tout est cadeau de la vie. Il suffisait de suivre les flèches jaunes du soleil latent au-dessus des nuages, le soleil qui m’éclairait, le soleil qui me réchauffait. Chanter, jouer, danser. Ne plus être seul sur les notes de la vie. M’accorder aux autres. Quel bonheur de pouvoir attendre les autres ou de nous sentir attendu par les autres, quelque part ! Quel bonheur au fond inexprimable par les mots !

Une plage. Une plage pour rire, danser, livrer son coeur, ses larmes, chanter la vie, la recomposer de nos rêves, de tous nos pas franchis, nos mots, nos actes, nos délicates attentions, nos erreurs pardonnées, nos défauts aimés, accueillis comme autant de fleurs qui s’épanouiraient un jour dans la grâce d’un élan de joie. Chanter encore, danser avec nos pieds, danser avec nos mains, ensemble, rire, parce que nos imperfections nous élevaient vers la grâce de nos êtres profonds, sensibles, la faille d’une falaise, le nuage d’un ciel infini. Tout au bout du chemin jaune, des amis retrouvés, plein d’amis retrouvés autour de Monsieur Hulot, un corps un peu trop grand et si charmant, l’allure gauche du charme de la vie, un oeil tendu vers l’horizon. Un « ça me dit de la poésie ensemble ». Le dixième comme les doigts d’une main.

Suivre les flèches jaunes de l’Amour. Je ne serais jamais déçu du chemin, de la vie. Rien ne serait perdu, tout serait gagné, un trésor inestimable qu’aucun coffre-fort ne pourrait enfermer. L’Amour déployait ses ailes, sa grâce, la grâce des anges descendus sur Terre.

J’avais retrouvé sur le chemin jaune ce qui faisait battre mon coeur, ce pourquoi, au fond, je vivais.

Thierry Rousse

Nantes, lundi 10 janvier 2022

« A la quête du bonheur »

Le lait des vaches résistantes

 

J’y étais, les pieds dans la nouvelle année ! Le passage s’était fait en douceur, lumineux et chaleureux, au coeur des fougères secrètes de Guérande, tout au bout d’un chemin, comme perdu, tout au bout du monde, d’un certain monde. Dans l’obscurité, un feu de joie flambloyant d’espérance m’attendait. Etre attendu quelque part sur la Terre, sous les Etoiles, par des Anges. Le changement ne pouvait venir que du fond de nos coeurs, étincelants au milieu des flammes qui se rassemblaient.

Je l’écoutais au coucher de Soeur Lune, au réveil de Frère Soleil, je l’écoutais se reposer, marcher et danser, mon coeur encore vivant, bientôt au champ des balles livré. Un ping-pong d’Omicron qui déréglerait toute une société, toute une Planète, de la Chine à l’Amérique, de la vieille Europe à l’Afrique, d’après ce qu’en disaient les journalistes. Pouvais-je me fier véritablement à tout ce qui se racontait sur les ondes, tout ce qui s’écrivait dans les journaux ? Certains répandaient cette rumeur : Omicron était notre chance, l’espoir d’en sortir. L’attraper, c’était devenir invincible. Invincible si on en sortait vivant. Apparemment, il n’était pas si méchant, Omicron le Mignon. Moins méchant que son grand frère Delta et sa grande soeur La Covid. Alors, Omicron ou Vaccin ? La Cour de Monsieur Julon s’excitait, tapait du poing pour imposer le Passe vaccinal. Pour une fois, des voix résistantes au sein de l’Assemblée protestaient, les voix des futurs prétendants au Trône du Roi. Qui voterait pour moi, pour toi, pour nous, pour vous, pour eux, pour elles, divines fées de mes rêves ?

Le ciel bleu se répandait après le déluge d’une apocalypse programmée. Des oiseaux blancs tranquilles dormaient, en ce mercredi de trêve, au bout des branches, ou, flottaient sur les prés inondés de la Sèvre. Animaux paisibles qui seraient enfin débarrassés des Hommes, un jour, peut-être, de ces Hommes qui avaient cru bon devoir dominer la nature pour exister. Hommes gonflés d’orgueil. Hommes misérables qui n’avaient pas su respecter la Terre qui les accueillait. Hommes insultant un virus qu’ils avaient, eux-mêmes, fabriquer, par leurs ivresses de pouvoirs. Hommes fous, ignorant le trésor de leur coeur. Etrangement, la Chaussée des Moines m’apparaissait, aujourd’hui, comme une carte postale, un souvenir figé du bonheur. Là sans être là. N’être plus. Déjà ailleurs, enlacer l’infini, l’infini d’une étoile si lointaine et si proche, le sourire d’un ange dans son berceau. Le fleuve emportait son écume, ses désirs et ses pleurs, vers l’océan. Les Hommes avaient cru encore bon devoir abattre des arbres pour développer leur tourisme fluvial. Hommes de demain, Hommes de la fin. Ports de leurs solitudes. Asphyxiés. Irradiés. Confinés dans leurs absurdités.

J’y avais cru à leurs absurdités : « les produits laitiers sont nos amis pour la vie ». J’en avais bu, oui, j’en avais bu du lait pour grandir, quand je n’étais qu’un enfant, qu’un adolescent. Grandir. J’avais cru à ces Hommes de la science, du progrès, du bien-être . A cinquante quatre ans, je découvrais la vérité. Je privais les veaux de leur nourriture, ce lait que les vaches produisaient pour leurs enfants chéris. Je buvais leur nourriture. Je buvais leur nourriture pour grandir. Les Hommes séparaient les vaches de leurs veaux, les gavaient de céréales fermentées, de farines animales, elles qui étaient par nature herbivores. Les Hommes progressaient dans leurs cruautés, dans leurs folies, administraient aux vaches des hormones de croissance, des antibiotiques, des anxiolytiques pour les rendre encore plus résistantes aux conditions de vie atroces qu’ils leur imposaient. Produire, toujours produire encore plus de lait, développer l’économie. L’espérance de vie des vaches était devenu le tiers de leurs ainées. Qui se souciait des vaches, de la ferme des animaux ? Jones buvait, tuait les veaux, et nous les mangions.  » Que va-t-on faire de tout ce lait ? « (°) . Je buvais un lait empoisonné en croyant grandir.

Ces Hommes étaient laids, menteurs. J’étais une vache à leurs yeux. Je broutais mes dernières herbes, les pieds dans l’eau. L’oiseau blanc m’appelait sur sa branche. L’Ange se réveillait tout au fond de mon coeur. Je renaissais au monde dans l’année des deux deux chevaux, crinières au vent.

Thierry Rousse

Nantes, mercredi 5 janvier 2022

« A la quête du bonheur »

(°) George Orwell, « La ferme des animaux ».

Les derniers jours de l’année

 

 » Tiens, il y a longtemps que je n’ai pas écrit « . Me dire ces mots à moi-même. Me poser cette question :  » Ecrire, mais pour quoi dire ?  » J’avais épuisé, semblait-il, tous mes sujets. Mes Muses avaient disparu quelque part sans rien dire. A peine aperçue, Emma, sur la petite place de mon village. Portait-elle encore son bonnet rouge, Emma ? Emma n’était qu’une statue blanche qui reposait là au milieu d’un jardin en hiver. Alors, me fallait-il encore raconter tous ses jours ? Reporter de guerre, jusqu’au bout ? Une guerre dont je ne voyais guère la fin. Monsieur Julon, Monsieur Casse-Tête et Monsieur Verquoi nous faisaient part une fois de plus des nouvelles menaces qui planaient au-dessus de nos rêves en ces jours de fêtes. Histoire de ne pas nous faire oublier l’ennemi et de convaincre les derniers anarchistes de l’utilité des doses qui enrichissaient Monsieur Blizer. Bientôt cent milliards de chiffre d’affaires. Un record en si peu de temps pour un produit pharmaceutique expérimental. La vie avait-elle un prix ?

Las, j’abandonnais le sujet du prix de la vie.

Les déclarations officielles de notre trio de choc étaient décidément consternantes. Pas question de repousser la rentrée scolaire dans ces lieux considérés comme des hauts lieux de contamination. Nous attendions, simples soldats, de repartir au front avec notre casque de doses et nos masques à gaz. Telle était notre destinée. Les trois Messieurs dans leur palais avaient bien préparé leur discours persuasif. Monsieur Blizer les saluait en coulisses :  » Bon travail, les p’tits gars !  » . Les derniers anarchistes seraient matés.

Il me restait encore ces derniers jours de vacances pour respirer. Qu’il m’était bon de rendre visite à une amie de soixante quinze ans qui rayonnait toujours de sa jeunesse d’esprit et de corps. Prendre le temps d’échanger, de m’émerveiller devant toutes ces décorations de Noël qu’elle avait pris soin d’installer un peu partout, sur chaque meuble. Des maisons, des lumières, des animaux et des enfants heureux. Partager de délicieux repas avec elle. Marcher à ses côtés, sur les chemins d’une campagne vallonnée, si paisible et déserte. Regarder Arte et ces reportages passionnants sur les chanteuses, les chanteurs, les actrices, les acteurs qui avaient marqué toute une époque : Mireille Matthieu, Edith Piaf, Yves Montand, Maurice Chevalier, Ava Gardner. Nous interroger sur  » La Princesse aux pieds nus « . Avait-elle véritablement connu le bonheur ? « . Revoir  » Les Choristes « , rire et pleurer, pleurer et rire. Tout se finissait bien. J’aimais les vies qui se finissaient bien. Franchir les tempêtes jusqu’au ciel bleu. L’enfant ne serait pas seul.

Je retrouvais Emma, fidèle à ses arbres. Un nouveau livre m’attendait :  » Nourrir la Vie « . Je découvrais enfin la vérité, presque, toute la vérité. Durant combien d’années avais-je empoisonné mon corps de caféine, de gluten, d’alcaloïdes, de métaux lourds, d’O.G.M., de mano-particules, de toxines de produits morts, en fermentation ou en décomposition, d’aliments dénaturés, cuits, trop cuits, brûlés, grillés, frits, d’aliments irradiés. . . ? Monsieur Julon, Monsieur Casse-Tête et Monsieur Verquoi s’étaient bien gardé de m’en parler. Bouches cousues sur les ennemis de mon corps. Toutes les maladies étaient le fond de commerce de leur ami, Monsieur Blizer. Les bien-portants seraient traqués. Je hissais mon drapeau, une dernière fois.

« Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !

Feuillages jaunissants sur les gazons épars !

Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature

Convient à la douleur et plaît à mes regards ! » (°)

Thierry Rousse

Nantes, mardi 28 décembre 2021

 » A la quête du bonheur « 

(°)  » L’automne « , Lamartine in  » Méditations poétiques « , Poésie / Gallimard.

Ciel rose d’hiver

 

Les plans s’activaient à la Cour de Roi César ! Omicron prêtait renfort à Delta. Ce tout nouveau fantassin gagnait du terrain, d’après les sources des renseignements officiels. Omicron venait d’assiéger l’île des Beatles. Il ne lui restait plus qu’à traverser une Manche pour serrer notre main. Quelques Microns s’étaient déjà infiltrés sur notre territoire hexagonal. Le Coronavirus pouvait maintenant rentrer au chaud derrière ses murailles, il n’était plus à la mode, ou, plutôt, « La Covid », car c’était le prénom que les Hautes Autorités lui avaient donné. Un mot apparemment plus sérieux, plus scientifique. Etrangement un mot féminin. Quelque sorcière sans doute. L’homme était passé par là dans sa puissance conquérante. Le Delta avec ses origines indiennes, exotiques, touristiques, apocalyptiques l’avait détrônée. On voyait déjà les fleuves déborder, les risques d’un naufrage, d’une noyade. On se voyait emporté par les déluges impétueux des eaux dévalant les montagnes. Mais ce n’était rien face à cet Omicron. Avec ce petit dernier, minuscule, on passait à un stade supérieur, planétaire. L’Omicron microscopique s’infiltrait dans nos micro-ondes, invisible. La guerre des étoiles avait commencé. L’ennemi était partout, dixit, tous les Césars de l’humanité, nos gentils protecteurs.

Les responsables de la propagation de ces ennemis étaient publiquement pointés du doigt par César et ses acolytes : les « Non-vaccinés ». Oubliés, depuis belle lurette, les pangolins vendus sur les marchés chinois, les vilaines chauve-souris suspendues aux toits des cavernes, les déforestations et les expériences en tous genres au fond des laboratoires protégés par les lois du secret professionnel. César et sa toile hautement efficace avaient le don de nous rendre presque tous amnésiques. Nos Chefs, habiles en tours de passe-passe, envisageaient de transformer le passe sanitaire en passe vaccinal. Leur volonté était clairement énoncée : « Tous vaccinés ! Le vaccin est la seule arme pour lutter contre l’ennemi ! « . Les Chefs avaient toujours raison et peu de sujets osaient remettre en question leurs paroles ou chercher les fondements de leurs discours. Les bras de Noël changeaient de couleur à vue d’oeil. Quatrième dose verdâtre d’une vie sous assistance et sous dépendance. Tatouages des Empereurs indélébiles. Nos peaux se durcissaient. Bientôt une corne pousserait sur nos fronts. Je tendrais mon bras une fois de plus à César, la dernière fois, avant de rejoindre le ciel vers Noël.

Quel sens restait-il à cette fête ? La satisfaction d’une mission accomplie en ce samedi matin ? Malville était au fond une belle ville, ou, plutôt un beau village au milieu des prés et des bois. Il ne fallait pas se fier à certains mots. Les enfants me regardaient, s’approchaient, certains, hésitants, d’autres confiants. Les parents souriaient, photographiaient cet instant éphémère. Il y avait comme un goût de bonheur en cette matinée, peut-être le goût du bonheur de l’amour, des joies simples et champêtres de la vie. Un ciel bleu en ce premier jour de vacances. L’odeur d’un vin chaud, d’une fanfare exaltée, des corps qui se libéraient sous les notes entraînantes d’un jazz américain. Mon Père Noël était aux anges dans son habit rouge et sa longue barbe. Tout semblait aller bien sur la Terre. 

Dans les couloirs blancs de l’art contemporain, sur l’île des anneaux nantais, les étoiles, cet après-midi, étaient plus distantes. Des regards chaotiques sur les chaos du monde. Tissus entrelacés de membres gonflés, déformés, cousus. Instants de métiers comptés sur un tarmac désoeuvré. Bouches qui n’en finissaient pas d’avaler. Cadillac de paille et de torchis. Vestiges d’un progrès sans fin. Que resterait-il de cette humanité moderne insensée ? Une cabane de couleurs oubliées ? Voir ce qu’on voulait y voir. Un peu plus loin, un peep-show d’automates sous les Nefs. Voir ce qu’on deviendrait ? Des sculptures de glace ou la naissance d’un désir chaleureux ? Une tronçonneuse ou un baiser ?

« De l’effondrement à l’émerveillement ( … ). Il est du devoir des consciences éveillées de promouvoir cette mutation » . (1)

Sur la Loire, au soleil couchant, à travers la brume d’un port, d’une brasserie et d’un regard, le ciel rose embrassait, simplement, la Lune étincelante.

Un bateau, doucement, me ramenait au sens de l’existence.

« Je lui dirai les mots bleus, les mots qu’on dit avec les yeux… ces mots qui rendent les gens heureux…  « . (2)

Thierry Rousse,

Nantes, samedi 18 décembre 2021

« A la quête du bonheur »

  1. Pierre Rabhi, « La tristesse de Gaïa, de l’effondrement à l’émerveillement », édition Actes Sud, 2021.

  2. Christophe, « Les mots bleus »

Omicron, 69ème dose et cocotte solidaire

 

Ca picotait. Ca picotait sur le bout de mes doigts. Sensation de fourmillements désagréables. Comme une partie de moi-même qui se détachait de moi. Ruptures. Un mal incisif qui gagnait du terrain. Morcellement. Mon corps m’alertait. Je ne pouvais plus guère laisser glisser le bout de mes doigts sur l’écran de mon smartphone à consulter les vagues des actualités mondiales, tous les messages reçus par Sms, Mails, sur Messenger ou sur WhatsApp. Plus je persistais à toucher les touches tactiles de ma fenêtre, plus mes picotements s’intensifiaient et prenaient du temps à disparaître. Je me déclarais vaincu. Je désactivais la Wifi et les données mobiles, me déconnectais de la planète Internet, rassemblant les parties de mon corps encore vivantes. La douleur peu à peu s’apaisait. Je retrouvais une certaine unité, un être pacifié.

Plus je diminuais mon temps passé sur les réseaux sociaux, plus je pouvais me consacrer à la lecture et aux moments de la vraie vie, celle des rencontres physiques, comme ces repas les mercredi midi à la Cocotte Solidaire, ou, ces « ça me dit de la poésie ensemble ». Instants précieux. Je remerciais au fond ces picotements. En temps de guerre, nous nous cachions comme nous pouvions dans les derniers lieux où il faisait encore bon vivre.

Je savais pourtant qu’Omicron me regardait, m’épiait, m’écoutait, qu’un jour, il me dénoncerait, m’exilerait au fin fond des zones oubliées. Je ne serais plus qu’une page blanche, des mots effacés pour toujours. Micro, O, avait les crocs de ses ondes, ondes de micros dissimulés, cro-magnon gnon gnon, non, non, Omi n’était pas mon ami, Omi grognon, ogre de Micron, ordre nouveau d’une guerre intergalactique, 69ème dose de ces plaisirs interdits. Un corps parcouru de piqûres qui ne pouvait plus exister sans elles. Un corps qu’on avait transpercé, cloué sur des croix abandonnées. Un corps qui ne pouvait plus vivre par lui-même, un corps qu’on avait su rendre dépendant de la Haute Autorité Mondiale. Un corps, des corps déchus, délaissés. Regards croisés, perdus, enlacés de larmes. Etincelles d’espoirs au firmament de l’eau. Tourbillons. A la quête d’un bonheur que nous touchions du bout de nos coeurs. Ile de calligraphies d’amour. Danse, vertige d’un désir défendu. Vague de caresses à travers le monde. Cas contacts. Négatifs. Positifs. Mis à l’écart. En attente. Tentes d’exilés. Fuir. S’enfuir. Sans fuir. Vivre. Vivre encore et malgré tout.

Thierry Rousse

Nantes, mercredi 8 décembre 2021

« A la quête du bonheur »

De la campagne à la ville et vice-versa

 

Quelle était ma relation à la campagne ? Etait-elle une attirance, une sensation de délivrance, d’échappatoire ? Me sentir libre, libre de retrouver le goût de la terre, libre d’éprouver le plaisir d’être ensemble autour d’un bon feu de bois, la vraie vie ! Pouvais-je en déduire que « vivre en ville » était une fausse vie ? Existait-il une vraie vie et une fausse vie ? La face du miroir ?

Mon père était originaire de Franche-Comté. Il était précisément né à Lure. Atteri à Paris vers l’âge de vingt-cinq ans, grâce, ou, à cause d’une cousine lui vantant les charmes de la Capitale et d’un emploi intellectuel qui l’attendait. Ce qui lui valait le surnom de »gai luron ». Mon père faisait rire de ses pitreries et de son nez-rouge toute la belle-famille. Etrangement, la famille maternelle nous mettait à distance de la famille paternelle. Je n’ai jamais pu véritablement connaître mon grand-père paternel. Un vague souvenir, quand il allait mourir, au fond d’un hospice, une profonde campagne perdue dans le brouillard. Ancien cheminot. Quand à ma grand-mère paternelle, elle était décédée quand mon père avait vingt ans, d’une maladie inconnue. La belle famille ne me disait pas du bien de ces gens-là, ces gens de la Haute-Saône, ce département délaissé de la Franche-Comté. Les gens de la campagne étaient à leurs yeux des bouseux, des gens peu évolués, des arriérés, peu fréquentables, plus ou moins, tous, alcooliques.

Voilà ce qu’on me faisait croire durant mon enfance. La belle famille de Saint-Denis et l’oncle Jojo de Juvisy faisaient mon éducation, m’enfermaient dans leurs préjugés, leurs mépris. Il me fallut attendre l’adolescence pour ouvrir les yeux et me rebeller contre leurs croyances, contre tous ces reproches qu’ils pouvaient dire sur mon père et sa famille en son absence. Le plus drôle, enfin, si cela pouvait être drôle, était que ma belle famille, la famille du côté de ma mère, était originaire de l’Aisne, de la campagne donc elle aussi, celle un peu plus au nord. Cerise sur le gâteau, l’oncle Jojo achetait une vieille métairie dans le Loir-et-Cher. Après les dimanches à Saint-Denis chez Pépé et Mémé, venait le temps des week-end à la campagne chez l’oncle Jojo et des perpétuels embouteillages sur la route du retour vers la Ville-Lumière et ses gigantesques tentacules, une banlieue et sa Beauce qui rasaient les derniers bocages. La belle-famille parisienne était soudainement en mal de campagne et plantait son drapeau sur la terre des bouseux. Le potager, le bricolage étaient devenus à la mode comme aller chercher son lait à la ferme ou presser ses pommes Paris s’accaparait l’air des champs.

Entre ville et campagne, mon coeur était attiré, tantôt par l’une, tantôt pars l’autre. En ville, je pouvais me cultiver, voir des spectacles, rencontrer du monde. A la campagne, je pouvais cultiver la terre, voir les étoiles et entendre une multitude d’oiseaux, faire du vélo, rencontrer des gens simples, sincères, généreux. En ville, j’étais dépendant des autres pour vivre, pour me nourrir et me loger. A la campagne, je pouvais prendre ma vie en main, vivre pour me nourrir et me loger, et bien d’autres choses, encore.

Où étais-je le plus seul et le plus entouré, à la campagne, ou, à la ville ? Le plus heureux ? Epanoui ? Satisfait ? Equilibré ?

La question se posait en cette nuit, au milieu de mon coeur.

Thierry Rousse

Mercredi 1er décembre 2021

« A la quête du bonheur »

Origines

 

« Troisième dose d’injection expérimentale obligatoire. » La sentence était tombée. Glaciale, un mois avant l’hiver. Balle en plein coeur de nos âmes. Nous offrions nos bras à toutes sortes d’ expérimentations. Cibles dociles épuisées. Le dieu Accin était l’unique remède, nous ressassait César, pour enrayer l’Andémie et nous protéger d’une mort imminente. L’unique moyen de voir une tragédie dans un théâtre ou de contempler une Joconde mélancolique dans un musée, sur les bords de la Seine. César tout-puissant, du balcon de son palais, nous tenait sous ses griffes. Des conséquences de ces doses à répétition injectées dans nos veines comme les micro-thromboses, son fils, Paris, se gardait bien de nous en parler. Myocardies, douleurs thoraciques, arrêts cardiaques en plein vol. Pas un mot sur leurs origines. Silence. La dose ne pouvait être que bonne, divine protectrice, cuirasse contre les maux du vingt et unième siècle produits par les Hommes.

Mes origines, elles, commençaient à mon réveil. Je « défendais une agriculture durable en forêt amazonienne » en buvant mon café chaque matin. Les robots qui m’épiaient en prenaient note et m’ajoutaient à la liste des individus hautement dangereux aux yeux de César. Je participais à une coopérative familiale, à la valorisation du terroir, à des engrais organiques, à des méthodes de cultures agro-forestières, à un prix rémunérateur pour une organisation paysanne ayant un projet de développement et d’autonomisation. J’échappais aux plans pyramidaux d’une couronne. Ma belle échappée agaçait fort l’égo d’un empereur. Mon essuie-tout était fabriqué en Normandie, au fin fond du Cotentin. Rien de romain. Mon savon venait d’un peu plus loin, de la frontière turco-syrienne, fabriqué artisanalement avec l’aide des réfugiés, à partir d’huiles d’olives et de laurier. Un homme de 82 ans, en haut des montagnes du Taurus, chauffait les baies dans un gros chaudron.

Toute origine avait son histoire. Mon père était originaire de Franche-Comté. Je tenais de lui son accent, sans pour autant être né sur ses terres, entre les jolis cerisiers en fleurs et la cancoillotte qui s’écoulait délicieusement entre mes doigts. Parfois, l’on me prenait pour un étranger. Parfois, mon accent déplaisait à certaines oreilles. J’étais fier d’être pris pour un étranger. J’étais triste à chaque fois qu’on me rejetait. J’étais heureux à chaque fois qu’on m’accueillait. Venir de la Franche-Comté, des Andes péruviennes, de la Syrie, ou du Cotentin, venir de loin ou de moins loin, c’était déjà mieux que de venir de La Garenne Colombes, de ces bois des chasses gardées d’autrefois, d’une maison vétuste détruite pour y dresser les viriles tours de la Défense. Des tours pour défendre qui, défendre quoi ? Tours et détours.

Etre d’ici et d’ailleurs, plume qui échappait aux griffes d’un aigle démesuré.

Texte court aussitôt censuré. A l’intérieur, chercher une fissure, une lumière, et, tout recommencer depuis le début, nos origines. Les origines de la vie.

Thierry Rousse

Nantes, dimanche 28 novembre 2021

« A la quête du bonheur »