Au Café du Matin de Talensac

Une vie parmi des milliards Lecture-concert

Au Café du Matin à Talensac

Fatigué ,Marcel tu poses ton sac

Trois euros vingt , deux tartines beurrées

Et un café, tu bois ta liberté

Souris tu es filmé, la vie est belle

Le beurre est salé, un rien rebelle

Devant toi, tous les fruits de la mer

Derrière toi, la nuit des mères.

Tu veillais sur elles et leurs enfants

Tout juste nés dans le monde des grands.

Veilleur de nuits et veilleur de vies

Marcel, au p’tit matin, tu leur souris

Vois déjà mille talents dans leur sac

Remplir de perles d’or un triste lac.

Au Café du Matin à Talensac

Réjoui, Marcel, tu ouvres ton sac

Carnet et crayon, tu écris la vie

Ordinaire, au marché, elle est sans prix.

Thierry Rousse
Nantes, mardi 14 mars 2024
"Une vie parmi des milliards"
D'après Carnet personnel, souvenir du dimanche 28 janvier 2018

Le piano de la gare de Nantes

Une vie parmi des milliards Lecture-concert

Dans le train gris, je m’étais assoupi

Je ne vis plus rien que ma nuit

J’étais parti bien loin, bien seul

Sur d’autres rails à l’abri d’un tilleul

Quand le choc de l’arrêt me ramenait

A la gare, « Nantes », je vis le quai

Elle aussi de très loin me souriait

Il nous fallait maintenant atterrir

Dans ce monde froid qui nous attendait

Toi et moi cet émoi de nos sourires

« Bonne journée !» , toi, l’inconnue, me dis

Enfilais ton manteau puis partis

Loin sur ce quai , je voyais tes pensées

Vers un autre à pas légers s’en aller

Ma nuit était finie, mon tilleul

Était un magnolia bien seul.

Matin nantais, un piano m’attend

La douceur de sa main et un roman

Et des fleurs blanches, des yeux d’amour

Ma nuit avec toi un si beau jour

Ce piano de la gare de Nantes

Isolé dans son coin chaque matin

Depuis, le train de ma vie, enchante

Ses notes grises, bleues sont notre écrin.

Thierry Rousse
Nantes, mercredi 13 mars 2024
"Une vie parmi des milliards"
D'après Carnet personnel, 23 janvier 2018

Tout quitter

Une vie parmi des milliards Lecture-concert

Tout quitter travail appartement région

Tout quitter tout simplement

Désirer vivre une autre vie

Tout quitter là un trente et un décembre

Partir

Partir la voiture pleine à craquer

Coucher de soleil face à toi

Et maintenant une autre vie

Après avoir roulé toute une journée sous la pluie

Là construire là une nouvelle vie

Ta nouvelle vie

Nouvelle région

Nouvel appartement

Nouveau travail

Lutter pour trouver ce nouveau travail

Ce travail où tu te plaieras

Là rien de gagné

Rien ne se passe comme tu l’avais imaginé

Une offre t’emmène ailleurs

Et tu perds le travail que tu visais

Et tu perds tout au fond

Rien ne se passe comme tu l’avais imaginé

Alors tu dois te battre

Refaire surface

Eplucher les offres une à une

Leur répondre de ta plus belle plume

Sourire parce que sourire c’est important

Ne jamais montrer aux autres que tu es vaincu

Parce que c’est d’un gagnant que les autres veulent

Les autres les recruteurs

Un gagnant

Alors tu enfiles tes gants

Et tu te bats

Pour remonter à la surface

Ne pas dégringoler plus bas

Eponger tes dettes

Gagner le point final

Au dernier set

Franchir la ligne

Juste un peu en-dessous du seuil de pauvreté

Tu seras veilleur de nuit

Et chaque jour ne sera plus comme avant

Tu vivras en décalage

A la marge

Te voici cette fois pauvre

Sous la ligne de flottaison

Tu comptes tes pièces

Rond après rond

Des bulles dans l’eau

Tu te prends pour un poisson

Tu échapperas aux requins

C’est sûr

Petit poisson invisible

Tu vis la nuit

Tu as enfilé les gants de l’ange

Qui rêve des étoiles

Et tu brilles

Un soir par hasard

Sur la scène noire de la Libre Usine

A dire tes mots avec d’autres

Entre les tours et l’Amazonie

Un fleuve charrie tous vos désirs

Tout quitter pour le dernier combat

Juste être toi

Simplement être toi

Tu as tout quitté sauf toi

Ici à cette table tu t’es retrouvé

Ce n’est que le début

Bats-toi

Rien n’est acquis

Pas même la vie

Tout est fragile

Enfile tes gants de plume

Tu as encore un peu de temps

Thierry Rousse
Nantes, mardi 12 mars 2024
"Une vie parmi des milliards"
"Boxe à Malakoff, raconter ses combats", atelier animé par Guillaume Lavenant, La libre Usine du Lieu Unique, Nantes, Lundi 11 mars 2024

Presque une journée parfaite

Une vie parmi des milliards Lecture-concert

Cela aurait pu

Être

Presque une journée parfaite

Ce dimanche enfin gorgé d’un soleil de printemps

Presque une journée parfaite

Cette journée entre amis

A nous régaler d’huîtres

Dans le vignoble du Muscadet

Presque une journée parfaite

Dans cette grande villa provençale

Du vignoble nantais

Piscine et oliviers

Où des chevaux de toute beauté

Dans les prés retournés

Nous invitaient à la plus délicieuse liberté

Cap à l’ouest

Les pieds en éventail

Presque une journée parfaite

Si l’une des langues de ces amis

La langue de Diane

N’avait fourché

Comme une cisaille

A parler d’une absente

A dire ainsi qu’elle devait être bien heureuse sur son île

Que la vie était belle

Qu’elle en profitait bien

Cela aurait pu être presque une parole parfaite

Que du bien dit sur elle

S’il n’y avait sur le bout de ta langue

Diane

Cet air vilain

Tant de mépris

Pour mon amie

Tant d’ignorance

Pour sa maladie invisible

Si tu avais compris

Seulement

Diane

Qu’elle n’avait eu d’autres choix

Que de se retirer sur cette île

Au milieu de l’Océanie

Que rien en France

Ne l’avait vraiment soutenu

Pas même toi

Que la peur de tous ces gens

Se protégeant dans leur bulle de bien-être

La position parfaite d’un yoga déraciné

Cela aurait pu être

Autrement

Presque une journée parfaite

A savourer ce soleil radieux de l’amitié universelle

Presque

S’il n’y avait encore toutes ces guerres de mots déplacés sous les cieux

Cela aurait pu

Être

Presque la paix

Proclamée

La paix

Des lèvres des prophètes qui en brandissaient

Haut dans le ciel l’étendard

Presque un monde possible

A moins qu’il ne fut d’artifices bâti

Presque une journée de sourires

De petits princes et de renards

Si tu ne l’avais brisé

Diane

En mon coeur

Par tes jugements

A la légère

Attirant vers toi tout l’auditoire

A prononcer tes mots de vipère

Contre mon amie absente

Je suis parti

Chercher un autre paradis

Je me suis frayé un chemin entre les fougères

C’était presque une journée parfaite

Et j’ai marché

Tel un Robinson Crusoé

Au bord de la grande marée

Et j’ai trouvé ce village coloré

Bien caché

Et sur ce banc

Entre deux hôpitaux

Je me suis assis

Pour écrire ces mots

Et retrouver le repos

De mon âme

Près d’un renard

Qui m’a souri

Veux-tu être mon ami

Je te préviens

Je suis blessé

Nombre de chasseurs ont voulu me tuer petit prince

Renard

Lui ai-je répondu

Tes blessures sont les miennes

Veux-tu être mon ami

Et tous deux

Sommes repartis

Dans notre tanière

Au milieu de la mer

C’était presque un monde parfait

S’il n’y avait encore

Autour de nos corps

Tous ces tirs

Sans sourire

Et ces derniers soupirs

Criant

Je veux vivre

Le sursaut des étoiles

A cette heure

M’a réveillé

C’était presque une nuit parfaite

Thierry Rousse
Nantes, lundi 11 mars 2024
"Une vie parmi des milliards"

Conte for Kids

Une vie parmi des milliards Lecture-concert

Il était une fois

Un voyage en bus flexible

De la Bretagne à la Capitale

Marcel avait rendez-vous avec Béa

Tout près de la cinémathèque

Au café des spectacles de Bercy

Béa était musicienne

Béa jouait de la guitare et un peu de tout

Béa chantait aussi

Do ré mi fa sol la si

Béa était pile à l’heure ou presque

Des salutations chaleureuses

Portes ouvertes

Paris grand air

Direction la vallée de Chevreuse

Où elle habitait heureuse

Avec son chien et son chat

Une maison de montagnards

Dans la vallée de l’Yvette

Au bout d’un chemin privé

Il était déjà tard

Une nuit étoilée

Et une belle surprise qui attendait Marcel

Ce dimanche soir seize novembre deux mille dix sept

Il était une fois un ami de Béa

Originaire du Venezuela

Qui racontait et chantait des histoires de son pays

Des histoires de là-bas

Où il était né

Des histoires qu’il avait traduites

Avec beaucoup d’humour et de liberté

Des histoires et un peu de sa vie

Qu’il avait réduite

Marcel était venu à Paris pour une prestation

Et Béa l’accueillait gentiment pour trois jours

Deuxième jour

Lundi dix sept novembre deux mille dix sept

RER

Direction École quarante deux

Dix septième arrondissement

Paris

Startup For Kids

« Le meilleur moyen de prévoir le futur, c’est de le créer »

Marcel lisait douze fois tout au long de la journée Cendrillon

Pour des classes d’enfants à l’occasion de l’installation Bakou

L’une des démonstrations du Startup For kids

Bakou était un ingénieux procédé qui permettait au public de voir projetés au plafond

Les jolis dessins du conte tout en écoutant l’histoire

Une agréable manière de s’endormir

La journée se clôturait autour d’un buffet pour la remise des prix de toutes ces inventions présentées

Des Startup au service de l’éducation des enfants

Bakou et Jules aux anges emportaient le trophée Disney

Béa et son amie conteuse Alice venaient de rejoindre Marcel dans la salle principale de l’école quarante deux

Les coupes de champagne et les petits fours de la récréation étaient là

Réception

Digne d’un château

Des contes de fées

Il était une fois Alice grande et forte

Alice était catégorique

Lire Cendrillon de Perrault n’était pas conter

Lire était un véritable blasphème au conte

Marcel était montré du doigt tout près de Perrault

Tous deux se retrouvaient penauds sur l’échafaud

Marcel était pourtant réjoui de voir avec quel enthousiasme Jules avait défendu son invention, son Bakou, le projet de sa vie, offrir du rêve aux enfants, leur permettre d’entrer avec douceur dans le monde de la nuit en choisissant leur histoire

Alice, ne démordait pas, elle était en rage défendant avec force la genèse du conte et son principe d’oralite depuis la nuit des temps

L’art de la parole se transmettant uniquement de génération en génération, en dehors de tout livre, de tout pouvoir qui aurait voulu l’enfermer, le figer

Point final

Alice avait certainement raison dans le fond, cependant Marcel se sentait tellement ravi d’avoir été convié dans cette Capitale pour lire douze fois sans s’arrêter Cendrillon, un honneur, un défi pour lui

Heureux de toutes ces félicitations qu’il avait reçues

Lui qui était à cette époque veilleur de nuit dans un centre d ‘hébergement pour les gens à la rue

A la Roche vendéenne de Napoléon

Marcel aurait voulu pleinement savourer ce bonheur

Sans peine

Cette nuit de gloire

Sans la foudre d’Alice

Pour la déchirer

De désespoirs

Il était une fois Marcel

Marcel n’était donc qu’un simple lecteur

Qu’un simple veilleur de mots

Qu’un

Aucun

Alice l’avait banni de la grande famille des raconteurs d’histoires et s’en était allée crachant majestueusement sur la Startup des Kids

Il était une fois Béa

Béa reconduisait le petit Marcel puni

Au fond de la maison des montagnards

Traversant le champ percé

Des cimes de la Défense

Bakou

Raconte-moi une histoire de silence

Dessine-moi dans le ciel

Pas des building

Mais les fleurs du bonheur qui dansent

Un jour

On ira

A New-York

Toi et moi

Cendrillon

Tu verras

Tu verras

Toi et moi

Un jour

Tu verras

Cendrillon

Que le monde ne tourne pas rond

Et pas même

L’amour

Il était une fois le troisième jour

Un lundi dix huit novembre deux mille dix sept

RER

Direction Bercy

Gare routière et graffiti

Et déjà le retour de Marcel dans le bus flexible

Et plein de sourires d’enfants dans le cœur

Une larme suspendue sur le bord de sa lune

Bakou

Où es-tu

Je me sens si seul dans la nuit

Bakou

Dis-moi

Conte for Kids

Is for me ?

Suis-je un enfant

Perdu dans le temps ?

Thierry Rousse
Nantes, dimanche 10 mars 2023
"Une vie parmi des milliards"

Le petit Dali

Une vie parmi des milliards Lecture-concert

Dali

Comment être à ce point

Si imbu de toi-même

Si ancré dans les lignes de tes mains

Dali

Par tes fines moustaches relevées

Et ton air hautain

Et excentrique

Tu amusais

Toute la galerie

Ou presque

A parler de toi

A la troisième personne

Monsieur Dali

Étais-tu vraiment drôle

Quand tu jouais à tirer sur les pigeons

Fier comme un roi

Quand tu méprisais ton chauffeur, ta maîtresse de maison, les modèles qui posaient pour toi

Tout ce monde ébloui ou acheté

Affairé à tous tes caprices

Petit Dali

Quand tu n’avais que cette préoccupation

Que tous les regards convergent vers tes petites moustaches à la fleur de Lys

Maître Dali

Tu étais

Bien petit

Dans ton palais

Toi

Qui ne faisais que te regarder

Te glorifier

Tu ajoutais

Une grisaille de plus

A ces jours de pluie qui n’en finissaient plus

Pauvre Dali

Ridicule baron d’Espagne

Triste portrait

Pourquoi

S’extasiait-on

Riait-on

Dès qu’on prononçait ton nom

Dali

Pinceau

Génie de quoi

De tous ses égos

Qui nous voulaient soumis

A ses folies

Peintre Dali

Toutes les guerres commençaient ainsi

Quand plus aucun sens de la vie nous reliait

Que le chaos des pulsions

D’auto-destruction

A moins que tu nous jouais cette funeste comédie

Les dédales de l’inconscient

Professeur Dali

Pour nous ouvrir les yeux

L’égo poussé à sa perte

Anéanti

Vagues souvenirs de tableaux surréalistes

Tout était fini

Petit Dali

Il était temps de grandir

Et de contempler l’infini

D’autres visages

La beauté des paysages

Avant que toutes ces guerres n’embrasent le monde

Dali

Toi

Moi

Si nous quittons nos miroirs

Et regardions l’oiseau qui veut vivre

L’oiseau qui veut retrouver son nid

Dans le désert

Petit

Dali

Thierry Rousse
Nantes, samedi 9 mars 2024
"Une vie parmi des milliards"
D'après le film « Daaaaaali ! » de Quentin Dupieux

L’enfant Tiste

Une vie parmi des milliards Lecture-concert

On voyait écrit dans les petites annonces des cités

Tiste cherche une île pour l’accueillir

On voyait écrit dans les souterrains des villes

L’artiste est d’une grande sensibilité

On voyait écrit sur les troncs des magnolias

On ne sait d’où il vient

Séparation

Scission d’un atome

Tiste

Comme

Ar

Tiste

Comme

Tiste

Tiste

Comme

Artiste

Ce cordon qui te reliait à ta genèse

Vallon prenait ses aises

Paysage fuyant

Jusqu’à l’océan

Très tôt

Tu étais parti

Appelé à ta source

Comme un aimant

Qui t’attirait

On voyait écrit à l’entrée des cinémas

L’artiste livré corps et âme

Dans l’art

Comme dans un miroir

Et maintenant

A l’aube de tes soixante ans

Le temps était venu pour toi t’écrire

Ce que la vie t’avait donné

Tu écrivais avec ton corps

Tu écrivais avec ton âme

La page était ton miroir

Tout ce que tu avais donné de toi

Et reçu des corps et des âmes

Longue odyssée si brève à la fois

Vivre encore un dernier instant pour cet enfant

Vivre encore un dernier instant pour ce monde

Porter un dernier message avant la guerre

Le dernier acte final

On voyait écrit sur les grilles des jardins

Et à côté de l’artiste

L’enfant qui court

Et qui a bien raison

La vie est urgente

D’attentions lentes

On voyait écrit ces graffitis dans les toilettes publics

Qui court dans le jardin de sa ville

Voit des fleurs en chaque chose à cueillir

On voyait écrit sur les pétales des roses

Seule la beauté peut nous donner raison d’exister

Tu avais vingt ans

Et la grande vie devant

Marcel

Tu avais rêvé d’être journaliste

De publier tes canards

Tes regards sur le monde

L’infinie diversité des êtres et des pages

Tu remuais la terre

Affrontais ta mère

Te liait à ton père

Tu avais choisi le camp des rejetés

Des âmes insultées

Rubrique des soleils

Des faits d’hiver

Rubrique

Des poètes captifs

Inlassablement

Tu cherchais cette île pour t’accueillir

De la vie à la scène

Timides pas franchis

Sous les feux des projecteurs

La famille maternelle s’indignait

C’est quand même incroyable de patauger ainsi

Que fera-t-il de sa vie

Quelle femme voudra de lui

On voyait écrit dans cette absence

Qui comprend l’âme autiste

L’eau qui la relie au ciel

L’inconscient au bord du temps

Regards accusateurs

Que percevez-vous dans ce vallon de bonheurs

Rien

Ce côté-là de ta famille ne voyait que ton errance

Allons

Petit poisson

Laisse parler l’ignorance qui te condamne

Réfugie-toi dans le silence

D’une marre

On voyait écrit au fond de l’eau trouble

Le malheur des autres nous rend souvent tristes

On a le cœur gros de les voir ainsi

Et de ne pouvoir rien leur dire

Ton père cachait sa souffrance dans un bar

L’enfant courait comme au cinéma

On voyait écrit dans ses yeux

Une lumière au plafond

Dans le ciel se balance

Connais-tu dans ce monde

Les anges

Un p’tit oiseau venait de se poser sur la main de l’artiste

Il y avait du pain dans sa vie

Une tendresse dans son cœur

Miettes de bonheurs

A l’abri des chasseurs

Et puis

Épuisé

Tu jetais tes mots

Comme des bouteilles à la mer

Passé

Présent

Tu déchirais les feuilles de tes blocs notes

Aucune phrase ne sonnait

Tu ouvrais la porte

Papa

Maman

J’ai mis de la musique africaine

Pour réchauffer l’atmosphère

Pour toucher aux racines

Pour grandir

La poésie de l’image et du son

Était l’avenir

Dessiner les courbes qui parlaient à ton cœur

Et sourire

On voyait écrit sur tes lèvres

Les mots me bouffent

Affamés d’amour

Je ne puis en écrire d’autres

Depuis que tu m’as quitté

Source tarie

Vallon aride

Mosaïque d’humanité

Ton canard était déchaîné

Trop vite

Les pages étaient tournées

De peur de laisser derrière toi

Un cadavre de canard

Exquis

Tiste

Écrivain de l’avent

Ture

Tiste

Ture

Texture

Il y avait écrit dans ton cœur

Ces fissures

Je n’ai qu’une hâte

Connaître votre expérience

Du mot

Et

De la vie

Qui du premier a enfanté l’autre

Ton père écrivait pour survivre

Glissait chaque jour ses textes dans les pochettes transparentes de son classeur

Cent textes

Il t’avait dit

J’écrirais cent textes

Pour toi mon fils

Ton père avait tenu sa promesse

Perdu

Dans la tempête

Par sa force d’écrire

Il t’avait guidé

Ramené à la vie

Depuis tu lisais

Et écrivais

Il était écrit entre vous deux

Nous mangerons ensemble

Toi et moi

Le cadavre exquis

Chacune

Chacun

Est artiste

L’excellence était de vivre

A la hauteur d’une fleur

Tiste

Tu l’avais vu

L’Enfant artiste

Marcel

Au milieu de la cour

Sous la pluie

Tu l’avais compris

Tiste était d’un autre monde

Ferais-tu ce pas

De le découvrir

Pas après pas

Il était écrit patience

Est la science

Des sages

Grappe d’été 87

L’enfant Tiste

Thierry Rousse
Nantes, vendredi 8 mars 2024
"Une vie parmi des milliards"

Ila la fille du coupeur de mots

une vie parmi des milliards

Une page

Une seule page

Imprimée de travers

Les débuts de mots

Alignés à gauche

Dans la revue numéro 19 de la Grappe

Avaient disparu

Page numéro

Il n’y avait pas de numéro de page

Aucun

Juste la deuxième page de ton texte

Un froid de canard

Qu’une seule page de travers de la revue

Cette page

Ta deuxième page

Et cette liste de moitiés de mots disparues

Les retrouverais-tu dans ta mémoire

Trente sept après

Ce jeu de reconstitution t’avait été donné

Le début d’une moitié de ta vie à la trappe à retrouver

Théophile dans les cieux ne manquait pas de malice

Dernier troubadour ou presque

Poète anarchiste

Qui s’amusait

Complice des mots

Il se jouait de leurs lettres

De leurs sons

Et même de leur orthographe

Clin d’oeil à tes vingt ans

Rimbaud sa besace trouée riait aussi

Déambulant dans le temps

Ambulance poétique

1987

A semer

Les raisins de la jeunesse

Sur les bords de la scène

Maison de la jeunesse et de la culture de ton quartier

Tu déclamais tes mots inachevés

Hachés par la cisaille de la censure

En étais-tu vraiment bien sûr

Ta raison escaladait les murs

Guettant la moindre fissure

Y faufilant ta voix

Tu construisais ta révolte d’être banni

Un froid de canard

Deuxième épisode

Sous les pavés la plage

On a les cheveux au vent quand on a vingt ans

Et l’envie d’un feu de joie

Pour se réchauffer avec toi

Ila

En grattant les cordes d’une guitare désaccordée

Au clair de la lune déjà tard

Tu avais écrit cette bafouille d’étudiant dégouté d’économie

Ratatouille d’idées mixées

Au hachoir du grand poète Théophile

Cultivant l’espoir d’un vin nouveau

Mange tes mots

Marcel

Mange tes mots

Marcel

Rifie

Dans un train qui avance sans nous

Sur un rail politique

And

Profit

Oh non

Ce serait

De ne pas dire tout haut

Quel

Notre profit en ce monde

Trop bête comme quoi la flamme

Vie

Prend le devant avant même que les mots ne soient inscrits

Le papier

Pétrifié

Ila

Donc je suis un écrivain de l’avant

Je fais avant d’écri-

Ou je fais et j’écris

Ou j’écris et je fais

Truffaut disait

E

Le cinéma était sa vie

Maintenant nous allons faire en

R.T.E.

Que son cinéma soit notre vie

C’est à dire

Notre

E

Soit une passion

Exprimons donc notre désir

Créons un

U

De nous-mêmes dans un monde qui a trop vite tendance à ne

S

Penser à nous

Faisons du théâtre

Jouons au cinéma

Organi-

N.S.

Des actions pour aider les plus défavorisés

Broyons les

Aines

De la solitude

Ce que tu fis

Tu laissas tout

Trois années plus tard

Les études d’économie

De philosophie

Et même le théâtre

Pour servir la soupe aux sans-logis de Paris

Tu clamais tes vingt ans militant

A la face de Madame

I

Il y a toujours une Madame qui dit que ces jeunes sont

En

Trop jeunes pour avoir une activité de jeunes et que le

Nema

Le théâtre la solidarité sont pour les grands

Mais

Mment

Être grands si on nous empêche de devenir grands

Non

Est bien nous la génération de demain

L’art de demain

Que

Bureaucratie le sache

Et qu’elle nous fasse confiance

Ila

Etait hilare

Dans un coin de la cheminée

Elle dégustait tes mots mâchés

Et s’en délectait

Marcel

R

Sans l’art

Je ne vois pas ce que je ferai là

Non

Pas

Tout

Entre les automobiles et les banalités de

Ça va

Oui

I

Non plus

Et toi un peu plus

Glissant sur des courbes écono-

Ques

Qu’est-ce

Caisses de vide

Car l’économie quelle belle connerie

Oui quelle belle

Nnerie

Un piège à cons

J’y suis tombé

Et je n’y retomberai

Us

Us des coutumes libérales

Productivité

Compétitivité

L’argent doit rapporter aux actionnaires

Côté en bourse

Non

Maintenant

Je vais voir des films

Ila

Le dernier était

Tarkovski

Il s’intitulait

Le miroir

Une petite merveille

L’évocation de la nostalgie de l’enfance

Du manque de spiri-

Ila

Alitée

Et de profondeur sentimentale et affective dans les

Opos échangés

De la difficulté d’exprimer par les mots tout

Qu’on éprouve

Les limites du langage

Et de l’aspiration

L’éternité

Valoriser l’âme du corps

Quelques particules de mots

Coincés dans la gorge

Tu accouchais d’un souffle

Un coup

Mon sang de canard était réchauffé

Tu seras mon coin coin

Ila

L’écran qu’on

Nsait

Pensait

Être une fenêtre

Était désormais ouverte

Ouvrez les guillemets

Points de suspension

Libération des sons

Théophile jubilait

Art ouvre grand les yeux

Grand le coeur

C’est une flamme

I

Ila

Apporte chaleur et lumière

C’est une grande illusion qui

Ila

A l’arrière d’une deux chevaux

Vient réalité

Dans tes bras

C’est un verbe qui a son silence

Festoyer

Après avoir vendangé

Le fruit d’un baiser mûr

Gorgé de jus

O

Doit bien y réfléchir dans son ministère mais son art n’aura

Mais le même son que celui des artistes

Ila

Était comblée

Artiste suce son pouce au matin

L’artiste met la main dans

S

Cheveux dans le train

L’artiste regarde avec un air triste

Paysage du soir défiler

L’artiste voudrait se blottir

L’art-

Fin de la deuxième page

Ila était enjouée

Tu gardais la troisième

L’ultime page de cette grappe

Pour la nuit des lectures

De ta belle

Ila

C’était donc

Toi

Qui avais coupé

Mes mots

Toi

Qui désirais

Leur donner

En cette nuit

Une saveur inconnue

Imprévue

Ces mots à la trappe

D’une Grappe d’été 87

Vingt ans

Et toute la vie devant

A toi

Mon Ila

Je t’appelais

La fille du coupeur de mots

La fille du coupeur de mots

Thierry Rousse
Nantes, mercredi 6 mars 2024
"Une vie parmi des milliards"
La Grappe Numéro 19, été 1987

L’homme du café des plantes

Une vie parmi des milliards Lecture-concert

L’oeil vitreux

A regarder son verre

L’oeil de son verre

Se vider

Doucement

L’homme semblait disposer de toute sa journée

Pour sa besogne

Doucement vider verre après verre

Le quota d’une journée

Pour se sentir un autre

Ou s’oublier

Noyé

Épuisé

Dans le rosé d’un bonheur passé

L’homme avait

La barbe hirsute

Les sillons du visage

D’un marin

Qui aurait affronté mille vents

Mille bourrasques

Un héros

A quoi songeait l’homme seul

Dans ce café des plantes

Bien placé

Pour observer les gens

Cette vie dont il ne faisait plus partie

Depuis bien longtemps

L’homme qui s’était arrêté de vivre

Pour regarder le monde de passage

L’homme réfugié dans sa barbe qui lui tenait chaud

Qui resterait là

Lui

A l’abri de l’eau

Pendant que les autres s’agitaient

Mangeaient

Se pressaient

Palabraient

L’homme discret

Qui resterait là

Pendant que les autres iraient prendre le train

L’homme qui ne voyageait plus

L’homme qui ne travaillait plus

L’homme qui n’était plus attendu

L’homme qui n’était attendu que par son verre

L’homme à la destination bien connue

L’homme qui s’enracinait au café des plantes

A quelle espèce

Quelle nomenclature

Quel matricule

Appartenait-il

L’homme rosé

La silhouette bien placée à l’entrée

L’habitué

Le pilier

Le personnage bien à sa place

L’homme qui faisait partie du décor

Au même rang que les chaises

Et les plantes

L’homme qui finissait par se confondre à son verre

L’homme qu’on ne voyait plus

L’homme qu’on remplissait de son rosé par habitude

Comme on remplissait de gazoil le réservoir d’un camion

L’homme arrêté à sa station service silencieux

L’homme pauvre créature

Dont une prostituée même ne voulait

Cet homme

Retranché dans la plus absolue solitude

Je songeais à l’enfant qu’il avait pu être

A ses vies

A toutes ses vies

L’homme du café des plantes

Oublié

Invisible

Thierry Rousse
Nantes, 4 mars 2024
"Une vie parmi des milliards"

Les Amours de Ronsard

Une vie parmi des milliards Lecture-concert

Les Amours de Ronsard

« Vivre sans volupté, c’est vivre sous la terre »

Tu écrivais Ronsard

Ces mots devenus

Un tube

La légende des solitaires

Dis-moi

Entre nous

Ce soir

Qu’en étaient-ils de tes amours

Tes innombrables amours

Dont on ne pouvait qu’être éblouis

Au seuil de la nuit

L’effet

De tes décasyllabes

Si parfaits

De tes césures

Au juste point de rupture

De tes sons qui se répondaient

De tes deux mains légères

Sur un clavier de délicatesses

Où avais-tu acquis telles prouesses

Où puisais-tu tant d’inspiration

Pure fiction

Libre imagination

Musique dans ta tête

De ces temps de ta jeunesse

Sur les cimes de l’Anjou

Tout proche de ton ami Du Bellay

De ses doux paysages

Vallon où coule un flot sauvage

Ou sur les monts du Palatin

Les théâtres du quartier latin

Une plume libérée de sa cage

Reflet d’une âme sensible

Ayant Cassandre et bien d’autres pour cibles

Hélène Marie Vénus

Mes mots quant à moi

Sous la pluie nantaise

Avaient peine à entrer

Leur bon nombre de pieds

Rimant avec mes émois

Ma prose libre

Et Caroline

Quand toi bien plus à l’aise

Étais nettement plus balaise

Combien de lignes intarissables

Pouvais-tu aligner

Traces dans le sable

Vers qui ne s’effacent

Étaient milliers d’étoiles

Limon de Loire amassé

N’était plus navigable

Tout n’était que tendresse

Joie aliénée

Exaltation du printemps

A l’aube des bourgeons

Fleurs de baisers

Pourtant

Très vite

Tes sentiments faisaient obstacle

Au paisible débit de ta vie

Te fallait-il ces monts latins ou grecs

Pour te plaire à les gravir

Choisir l’impossible amour

Pour être élu troubadour

A la cour des romances

Du Roi

Faire vibrer les silences

A Blois

O

Face à toi

Ronsard

J’étais quoi

Asséché

A court d’idées

Sur les bancs du lycée

Univers cité

Jardin de la liberté

Quand tu glorifiais l’amour

De tes envolées

Lyriques

Arithmétiques

Académiques

O toi

Ronsard

Aurais-tu ému aujourd’hui

Toutes les scènes Slam

De Paris à Nantes

Bouche gagnante

De Lille à Marseille

Des lèvres qui s’éveillent

Gagné

Tous les trophées des flots et d’or

Jetant tes vagues à l’âme

Par dessus bord

Brisés

A la face des vents

Comme autant d’envies endurcies

O

Toi

Ronsard

Pierre fragile

Épris de passion

Déchirements d’un coeur

Élévation

Vers la beauté divine

Descente

Dans les gouffres des tourments

O toi l’âme du poète

Écartelée

Entre paradis et enfer

Toi qui avais pour muse

Une adolescente de quinze ans

Cassandre

Pour laquelle tu nourrissais

Le ravissement de sa perfection

Tes mots à ce jour

T’enfermeraient

Ou

Te pardonneraient

Sanction

Infraction

Ou

Permission

Prescription

Quel âge avais-tu quand tu fus saisi de son regard

Quinze ans toi aussi

Vingt ans

Ou plus

Dis

Quand

Elle t’a plu

Cassandre

Les Amours de ta vie resteront dans tes songes

Resteront là dans tes mots tendres

Ton cœur n’était qu’une éponge

Tes rimes ballerines

Attrapaient les vallons

Cueillaient les tétons

Des corps sculptés

De tes sons brassés

Tu rêvais de son corps

Fantasmes

Sous les étoiles

En dessinait sa danse

Et la dévoilait

De tous tes sens

De tes vaillants efforts

A trouver le bon accord

O

Toi

Ronsard

Toi qui ne cessais de peindre

Par tes mots

Dans les moindres détails

La femme que tu idéalisais

En chacune de tes muses

Toi

Qui la fardais

De tes désirs

Etait-ce cette femme que tu aimais

Ou l’idéal que tu t’inventais d’elle

Dans la chambre de ta plume

Etait-ce cette femme que tu aimais

Ou le poème que tu faisais d’elle

Etait-ce cette femme que tu aimais

Ou tout simplement toi qui te regardais

Dans ses yeux

O

Toi

Ronsard

Tu les contemplais dans le musée de tes curiosités antiques et bucoliques

O

Toi

Ronsard

Aimais-tu vraiment cette femme

Cassandre

Sa douceur

Sa candeur

Ou la passion qu’elle réveillait en toi

L’impossible amour sur Terre

Pour mieux viser le ciel

Faire de ses déchirures

L’éclat d’une écriture

Les héros de tes livres

Les avais-tu au-moins acquittées

Poète

De tout ce qu’elles t’avaient donné

Leurs yeux

Comme dieux

Uniques

O

Toi

Ronsard

Qui ne cessais de chanter l’impossible amour

Pourquoi m’avoir fait par la beauté de tes vers

Prendre ce chemin tortueux qui m’abîmait depuis ce jour sous terre

Poésie si belle

Et si cruelle

J’avais décidé de te quitter un matin

Et vivre de toutes mes ailes enfin

Quand aujourd’hui

Dans la solitude l’amère pauvreté

Vers toi

Brisé

Je revenais les poings liés

Pour essuyer mon âme

Élever mes larmes

O

Toi

Ronsard

Surpris par la colère

D’un coup de foudre

Accablerais-tu à présent la femme aimée de tous tes maux

Cassandre serait-elle à ce point si altière

T’offrant dans le creux de tes mains

Les fleurs fanées de son dédain

Lui ferais-tu porter la lourdeur de ton fardeau

La douleur de t’être laissé emporter

Aveugler par les mots trompeurs

Des mathématiques poétiques

O

Moi

Face à toi

Je n’avais pas compté mes pieds

Ni les palpitations de mon cœur

Que par ton flot fougueux

Je m’étais laissé emporter

A la nuit tombée

O

Toi

Ronsard

Plus tu écrivais ta douleur

Plus tu t’enfonçais dans ton malheur

Attisant le feu de ses yeux

Révoltés

O

Toi

Ronsard

Je t’avais trop suivi

Jusqu’au seuil de ta prison

Me perdant au cœur du Morvan

Sans Caroline je n’étais plus

Et toi non plus sans Cassandre

Pareil à toi

Tout mon être je lui avais donné

Quand elle m’avait quitté

J’étais une lune sans soleil

Qui étais-je au coeur de ce sombre été sans ma lumière de sourires

Qu’un vide errant

N’espérant qu’une unique chose

La retrouver pour me retrouver

Je voulais tout quitter

Déchirer l’océan de mes lettres

Et me jeter dans les tourments de ses vagues

Caroline prit d’autant peur

Cette nuit d’artifices

Et creusa entre nous

Un abîme fatal

O

Toi

Ronsard

Criblé de balles

De ta révolte

Te plairais-tu à souffrir

Jusqu’à faire de ta peine

La source de ton plaisir

O

Toi

Mon

Ami

J’avais dépassé le temps des confidences

Toi aussi largement

Pour espérer slamer sur une scène d’applaudissements

J’étais disqualifié

Hors jeu

Dans le jeu de l’amour

Toute une vie

A cultiver les amours impossibles

Un champ retourné

Stérile

Truffé de stèles

Si j’avais su

Si j’avais bu

D’autres vers que les tiens

Un autre vin plus doux

Sans doute je serais moins saoul

De regrets

Le coeur en paix

Cherchant son visage

Dans chaque beauté du paysage

La nature consolait l’âme perdue

Disait-on

Et lentement au passage des nuages

S’effaçait discrètement

Son nom

A la surface des nénuphars

Cassandre et Caroline

Se dévoilaient

Innocentes

D’un frémissement de feuilles

Surgissait

Le corsage de Marie

O

Toi

Ronsard

Au lit seul

Il te restait l’idée de ton amour

Allongée à côté de toi

Une écorce de corps

Vide

Tu finissais par t’avouer vaincu

Et m’interrogeais au grand soir venu

« Qu’est-ce que parler d’Amour sans point faire l’amour,

Sinon voir le Soleil sans aimer sa lumière ? »

Que pouvais-je te répondre

Qu’est-ce que parler d’Amour sans point être l’Amour

Sinon aimer la lumière sans être son Soleil

Disparaitrais-tu

Dans ton mirage

Ronsard

Comme un paladin

Traversant le paysage

D’un corps absent

Tant loué

La communion de deux êtres qui s’aimaient

Ne füt-elle qu’illusion

Que la pure invention de la poésie

O

Toi

Mon ami

Trouverais-tu consolation

Au crépuscule de ta vie

À l’aurore de ton vieil âge

Dans les songes érotiques

De tes personnages mythiques

O

Toi

Mon ami

En rien

Je ne te blâmais

Les roses

Tu les avais aimées jusqu’à leurs épines

Les corps jusqu’à leur âme divine

Toi

Pierre

Lunaire

Toi

Qui éclairais

Mes nuits

« Vivre sans volupté, c’est vivre sous la terre »

Thierry Rousse
Nantes, jeudi 29 avril 2024
"Une vie parmi des milliards"
Ronsard, « Les Amours », Gallimard