Douze confidences de la lune

Une vie parmi des milliards

1

O mon Ami

L’heure est venue

De rassembler ton passé

Non

Pour entretenir ta nostalgie

Mais

Pour offrir toutes tes vies écoulées

Comme

Quelques graines utiles

Aux jardiniers de demain

2

O mon Ami

Pas après pas

Ralentis

Ce qu’il te reste à vivre

Pour allonger ce temps

Et l’approfondir

3

O mon Ami

Rassembler ton passé

Ne signifie pas

Nier ton présent

Ton présent continue d’exister en toi

Comme un arbre

Qui fleurit

Et porte encore

De nouveaux fruits

Sache juste l’aimer

Toujours

A l’infini

4

O mon Ami

Les mots

T’accompagneront

Jusqu’à leur dernier souffle

Ils te sont fidèles

5

O mon Ami

Un parfum de roses

Remplit ton cœur

Aujourd’hui

C’est moi ton amie la lune

A présent éternelle

6

O mon Ami

Tu me touches de ton regard

A tes yeux brûlants

Je ne suis que tendresse

Si proche de tes pensées

7

O mon Ami

Regarde ces enfants

Comme ils prennent soin de mon jardin

8

O mon Ami

Ce château

Que tu ne vois de tes yeux

N’est visible qu’avec ton cœur

9

O mon Ami

Dans ce château

Il est tous les enfants du monde

Réunis

10

O mon Ami

Dans trois ans

T’auras soixante ans

On te rangera dans la catégorie Sénior

Ceux qui ont amassé de l’or

Creusé des trésors

Ou vécu dehors

11

O mon Ami

Tu es sorti dehors

Pour me chercher en toi

12

O mon Ami

En toi

Tu as vu

L’univers

Thierry Rousse
Nantes, jeudi 26 septembre 2024
« Une vie parmi des milliards »

Qu’avons-nous raté

Une vie parmi des milliards

Tout ce monde qui part en vrille

Qui en oublie de se vêtir

Tout ce vaste monde en guenilles

Qui traîne ses vagues désirs

Un flot d’cabas qu’tu te coltines

Dans un tramway nommé routine

Que fais-tu donc de tout ton temps

Pour oublier d’être élégant

Et tout ce monde où va-t-il

Tout ce monde d’où vient-il

Tout ce monde si cabossé

D’ses origines exilé

Et tous ces gars-là qui attendent

Perdus sur l’trottoir qui marchandent

L’paradis contre ton enfer

Fabriquent leur propre enfer

Les passants passent taciturnes

Dealers font partie du bitume

A Commerce tu trouves de tout

Dépenser sans penser t’es saoul

S’il n’y avait pas de clients

Il n’y aurait pas de dealers

S’il n’y avait pas de dealers

Il n’y aurait pas de clients

C’est la vérité d’la Palisse

Marché libéral faut qu’ça glisse

On dit qu’c’est mieux d’les avoir

A vue ici au coeur d’la ville

Dans nos caméras nos tiroirs

Pour tirer l’fil c’est plus facile

Que jouer à chat et souris

Pour les dénicher dans leur nid

Qui ose ici s’interroger

Du passé qu’avons-nous raté

Quels maux les ont fait dériver

Échouer dans ce triste empire

Quand s’offrent tant à découvrir

De passions et de beautés

As-tu oublié qu’ils étaient

Aussi des enfants qui rêvaient

Aussi des enfants qui jouaient

Aux jeux que tu leur apprenais

A être gendarme ou bandit

Ça trace un chemin pour la vie

L’enfant doit choisir son côté

Adolescent quelle tempête

A déjà soufflé dans ta tête

C’qu’on t’a montré d’argent facile

C’qu’on t’a caché d’un jeu fragile

Tout ce monde qui part en vrille

Qui en oublie de se vêtir

Tout ce vaste monde en guenilles

Qui traîne ses vagues désirs

Un flot de mots qu’je me coltine

Dans un tramway nommé routine

Et si j’changeais le cours d’mon temps

Si j’étais à toi plus présent

Prends donc mon stylo

Écris tous tes maux

Slame ton ennui

Prends-toi un shoot de vie

Thierry Rousse
Nantes, mercredi 25 septembre 2024
« Une vie parmi des milliards »

Retour au monde

Une vie parmi des milliards

Retour au monde

Prendre des nouvelles du monde

Après l’avoir laissé

Un bon moment de côté

Le monde

Te redonner bonne conscience

Une exigence

Alors

Alors

C’est quoi qu’on raconte sur le monde

Que tu sais déjà

Ou peut-être pas

Tu repousses ta lecture

Il est à côté de toi le monde sur ton lit bien plié

Et déjà sa première page t’horripile

Ta voix au début de l’été

N’avait aucune importance

Le roi s’en est moqué

Il a réuni sa cour

Ce lundi sous la pluie

Se moquant bien de la démocratie

C’est quoi déjà ce mot antique

Le peuple c’est moi

Il l’a dit le roi

Dans son palais de dorures

Et les vieux sages nantis

Des reliques

Qu’il a réunis

Autour d’une longue table rouge

Ont rigolé

Le ventre bien rempli

Tu ne supportes décidément plus leurs sourires indigestes

Marcel

La deuxième page n’est pas mieux

Elle n’est que pire

D’un monde qui s’empire

Au bout de la grande bleue

On construit des murs

Qu’on envahit

Le Proche-Orient

Des oliviers

Une nouvelle fois s’embrase

Coté Liban

Gaza n’aura pas suffi

Des vengeances qui n’ont pas de fin

Shakespeare l’avait écrit

Le sang jaillit

Des corps des enfants innocents

Coule sur la terre des dieux

De Roméo et de Juliette

Marcel

Décidément

Il ne te reste qu’à partir

Quitter ton territoire

Exil forcé

Quelle humanité voudrait-t-elle encore t’accueillir

Les sourires des ministres se crispent

Dans leurs miroirs

On ne peut rien à toute la misère du monde

Parole facile

Du vieux singe qui joue l’autruche

Au royaume du pognon

A Matignon tout est bon

A quelle heure on trinque les copains

Tu délaisses ce monde hautain

Ces coupes de venin

Entre leurs mains

Et retourne à ton roman plus sain

Marcel

Allons voir si le ciel

Dans ses pages

Est plus clair

Chapitre cinq

“Une parenthèse salutaire” (1)

Natalia venait de rencontrer l’amour

Simon redoublait d’attentions pour elle

Protecteur de chaque instant

Défendant sa cause

Natalia l’embrassait

Le monde

Sous la lune

Pouvait être beau

En Bretagne

Même saint

C’est qu’on ne contemplait pas

Suffisamment l’amour divin

Pour en être rempli

Qu’on ne s’allaitait point à son sein

Ivre de vin étoilé

Amer retour au monde mortifère

L’hiver sera long

Dans les prisons

La maison de la poésie

T’ouvrirait-elle ses bras

Comme un dernier refuge de liberté

Inespérée

Marcel

Sortant de l’ordinaire

Tu voudrais y croire

Une dernière fois

Thierry Rousse
Nantes, mardi 24 septembre 2025
« Une vie parmi des milliards »
(1) Roman de Daniel Bercheux, « Rien n'est jamais écrit d'avance », éditions Maïa

Pense aux mots

Une vie parmi des milliards

Pense que tout ce que tu dis

Tout ce que tu dis

Pourrait être un texte

Pense à ça

Un texte

Un genre de poème

Peut-être une pièce de théâtre

Un échange philosophique

Un engagement politique

Un manifeste écologique

Ou féministe

Une confidence

Un brin d’humour

Un brin érotique

Pense que tout ce que tu dis

Pourrait être tout ça

Un genre d’amas de mots à l’état brut

Un genre de tas de mots en vrac

Pense qu’il y aurait des silences

Des contradictions

Des imperfections

Des mots de trop

Déplacés

Remplacés

Des mots qui font du bien

Des mots que tu regrettes

Des rumeurs

Des médisances

Des jugements

Des confidences

Des excuses

Des J’accuse

Pense que tout ce que tu dis

Devrait être relu

Avant d’être dit

Pense que tu devrais tourner sept fois ta langue dans ta bouche

Comme dit le proverbe

Avant d’expulser tes verbes

Pense que si t’avais sauvegardé

Toutes tes correspondances

T’aurais écrit des romans

Pense aux mots supprimés

Aux mots des corbeilles vidées

Pense à tous ces mots de beauté

Qui ont disparu

A ces mots d’amitié ou d’amour

Au coin des rues

Ou le long des canapés

Pense aux mots

Crois-tu que ton corps les a enregistrés

Pense à tout ce que tu dis

Parles-tu de trop

En vérité

Pense à la quantité de mots déversés

Échangés

Aux mots criés

Croisés

Répétés

Ressassés

Énoncés

Déclarés

Réfutés

A chaque heure du jour

Pense aux mots qui continuent d’exister à la nuit tombée

Pense à tous ces mots qui ont besoin d’être expulsés

Pense à tous ces mots que t’entends

Pense à tous ces mots que tu lis

Un lit de mots charriés

L’humanité n’est qu’un amas de mots

Qui se transforment en tendresse

Ou en guerres

Pense aux mots

Pense aux mots que t’aurais aimés qu’on t’adresse

Pense aux mots forteresses

Pense aux mots faiblesses

Pense aux mots tisseurs de liens

Pense aux mots briseurs de liens

Pense aux mots hautains

Puis

Pense à rien

Fais le vide dans ta tête

Fais un tour à Sète

Remplis ton coeur des mots du ciel

Tu n’existerais pas sans leur présence étoilée

Silence

Sur les rochers

Pense aux mots que t’écoutes

Pense aux mots que tu dis

Pense aux mots que t’écris

Ta vie en est remplie

Et fais le tri

Et fais le tri

Des sacs bleus et jaunes de mots

Des composts de mots à recycler

Des graines de mots

Des fruits de mots

Pense aux mots pansements

Pense aux mots guérisseurs

Pense sur tout

Pense surtout aux mots qu’tu dis avec charleur

Pense surtout aux mots du bonheur

Pense surtout aux mots du bonheur

Thierry Rousse
Nantes, lundi 23 septembre 2024
« Une vie parmi des milliards »

Douze lunes au fond du puits

Une vie parmi des milliards

Quand je ne dors pas

Je pense à toi

Quand je dors

Penses-tu à moi

J’avais dessiné ton visage dans mon cœur

Afin que nul vent ne l’efface

Mon coeur

Pleure

Les larmes de ton visage

C’est dans nos erreurs

Nos failles

Nos faiblesses

Nos errances

Qu’on apprend à s’aimer

As-tu chercher la lune au fond du puits

L’as-tu sauvé mon ami.e

Sur cette place

Les enfants de la lune

Dansent

Dans les flaques

Sur les marches

De pierre

Rempli de nos joies d’hier

Épuisé

Je m’assois

Et je pense à toi

Il y a un puits

D’où jaillissent

Les eaux vives

De la lune

Je marcherai

Toute une nuit

Pour y puiser

Ton reflet

Pour trouver l’eau du puits

Mon ami.e

Cherche la petite maison utopique

Où des quartiers de lune érotiques

Dansent avec les mots de la nuit

Au coeur de la nuit

Douze lunes

Au fond du puits

De Clisson

Dansent

En ronde

Infinie

Thierry Rousse
Nantes, dimanche 22 septembre 2024
« Une vie parmi des milliards »

D’une ville lumières aux villes portuaires

Une vie parmi des milliards

Parce que t’es devenue trop grande pour moi

Parce que toutes les lumières aujourd’hui de tes gratte-ciel

Me font peur

Parce que je suis resté un enfant de la terre

Ville lumières

Parce que j’me crois atterri sur un satellite

Quand je reviens vers toi

P’tit Prince

Au milieu de l’univers

Ton aviateur est en panne

Ville lumières

Parce que

Quand je pénètre

Confiné

Dans le dédale de tes boulevards

Ville lumières

Parce que

Quand tu surgis

Derrière la vitre de mon bus vert

Ville lumières

Parce que

Quand je glisse à travers lui

Au fond d’la grotte routière de Bercy

Ville lumières

Parce que

Quand je sors de ma bulle en verre

Ville lumières

T’as beau être une reine

Ville lumières

J’ai peur

Peur d’être ici

Ville lumières

Peur de tout ce monde qui se croise

Peur de tout ce monde qui erre

Peur de tout ce monde qui attend

Peur de tout ce monde qui hurle

Peur de tous ces écrans

Peur de tous ces haut-parleurs

Peur de tous ces bruits de balles

Peur de toutes ces directions

Peur de toutes ces informations

J’ai peur

Peur de ta misère

Ville lumières

J’ai peur

Peur de tous ces visages fatigués

Éprouvés

Peur de toutes ces lamentations répétées

Peur de toutes ces mains tendues

Quémandant quelques pièces de lumière

Ville sous terre

Parce que

Quand t’as voulu un été porter ce nom ville d’Olympe

Je n’ai pas vu tes dieux

Les aurais-tu chassés avec les mendiants

A la périphérie de ton cœur

Ville lumières

Toi qui te perds dans les obscurités de tes ambitions

Toi qui te crois éclatante

Cultivée

Centre nombril de l’hexagone

Tu caches ta misère dans les recoins sombres de tes vitrines

Ville lumières

Sur ton quai

Mes dents se resserrent

Mon estomac se crispe

Ville lumières

J’ai mal

Et déjà j’ai hâte de m’enfuir

Et j’me trompe d’orientation

Bercy Châtelet-les-halles

C’est par où qu’on sort de ton enfer

Ville lumières

Aux néons aveuglants sous la terre

Retour en arrière

Bibliothèque Mitterrand

Des marches au-dessus de ma tête

Et des milliards de mots pesants

RER C

Comme

Contenu

Contingent

Confinement

Tout le monde a les yeux rivés sur son écran

Je m’évade dans le mien

J’écris mes peurs

Ville lumières

Pour me rassurer

J’entre dans tes banlieues bleues

Les villes défilent

Juvisy

Savigny

M’échapper

Au loin

Retrouver la vie

Brétigny

Un peu de vert

Pardonne-moi

Ville lumières

J’voulais juste retrouver un peu d’humanité

Décoller

La tranquillité semble revenir

Un instant

A contre-sens contre une masse de gens

Me frayer un sentier dans la foule

Jusqu’en terre de Vendée

Tout près de l’océan

Sous une lune blanche scintillante

Minuit approche

Au matin

J’éplucherai des légumes

Au matin

J’ferai la plonge

Au matin

J’cesserai de songer à mes peurs

A ce qui me fait souffrir

Ville lumières

Derniers soupirs

Sentiment d’avoir tout raté

Déjà presque à la fin

D’une panoplie d’écorces

Que me reste-t-il

A l’aube

Pour me vêtir

J’fêterai l’humanité pour me consoler

Avec Tiken Jah Fakoly

Et Louise Attaque

J’sortirai de l’ordinaire pour retrouver mes repères

J’quitterai la ville lumières

Pour

Le repos d’une ville portuaire

Et ce qu’elle a d’extraordinaire

Devant un marché désert

Au Lancelot

Un samedi matin

Au p’tit café tranquille

D’un ciel maussade

J’entrerai dans les feuilles de l’automne

Premier jour

Abondance de larmes

Tout ce que les nuages

Avaient retenu dans leurs rêves

Se déversent

De Nantes à Saint-Nazaire

La pluie calme les esprits

Un répit sous la couette

Salutaire

Hier

Présent

Sortir prendre l’air

Réveiller mon corps assoupi

Aller découvrir le matrimoine

Accompagner mes pieds

Me confondre aux gens solitaires

Promenant leurs misères et leurs prières

Est-ce un temps pour prendre la mer

Est-ce un temps pour prendre la mer

Ou la terre sous un autre ciel

Ou un autre ciel sous d’autres anneaux

Jeter à l’eau mes mots

Sous le regard de Julo

Pousser la lourde porte de la Hab Galerie

Occuper ma solitude

Qu’y-a-t-il à comprendre du béton

Que veux-tu me signifier Caroline

A travers ces silhouettes métalliques

Ce tonneau vertical

Ces traces de mains

Dans l’immensité d’un espace sans issue

J’me perds dans ton regard

J’cherche en vain une réponse

Dans ton intention

Quelle est la vocation de ton art

Conter le chaos

Ou nous distraire

Le carnaval des animaux

Des robinets aux larmes d’or

Poser le décor

La place des humains

Et m’endormir

D’une ville lumières aux villes portuaires

Réinventer les échanges entre nos genres

La ville n’est lumières portuaires

Que des rayons d’une lune de tendresse

La ville naît de lumières portuaires

Que des rayons d’une lune de tendresse

Thierry Rousse
Nantes, samedi 21 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"
Caroline Mesquita, “Cuco et co”, Hab Galerie, Nantes

Le voyou des mots (7)

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait dans ta vie ta maîtresse

Avec ou sans délicatesse

Qui t’enseignait par cœur la vie

A coups de leçons t’es puni

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Si tu triches ou si tu dors

C’est toi au coin ou toi dehors

J’affirme faut bien sévir

C’est vrai pour qu’t’apprennes à lire

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait en rêve ta maîtresse

Qui fut un matin de paresse

Étourdie perdant sa leçon

Elle s’mit en maillot de bain

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

L’premier aura un baiser

De moi j’le promets sur la bouche

Sa leçon l’avons récitée

Par cœur sans en paraître louches

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Derniers étaient premiers

Tous couronnés de lauriers

C’est qu’on apprend bien mieux

Là aux septièmes cieux

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Thierry Rousse
Dans le bus de Nantes à Paris, vendredi 13 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"
D'après la chanson de Georges Brassens « La maîtresse d’école »

Le voyou des mots (6)

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait la nonne au soir venue

Devant Dieu se m’irait nue

O Père m’avez modelée

Aussi bien que vous m’aimez

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Les enfants d’choeur étaient ravis

La chapelle quel paradis

Là la nonne enseignait l’amour

Aux débutants chacun leur tour

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Et les anges criaient encore

Tenant en main leur bougie d’or

L’Saint-Esprit éteignit leur flamme

Apaisant d’un Amen leur âme

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Religieuse chocolat

Devant tous ces yeux béats

L’histoire en resta à l’amour

Platonique que tous savourent

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Thierry Rousse
Nantes, vendredi 20 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"
D’après la chanson de Georges Brassens La religieuse

A Georges Brassens

Une vie parmi des milliards

Brassens avec douceur

Tu m’distrais en chemin

Quand dans mon cœur

Y’a plein de chagrin

Y’a tant d’amourettes

Quand je te lis

Tant de sourires qui

M’font la causette

Tu sais si bien faire

Vibrer mes cordes d’airs

De plaisirs coquins

Aux doigts taquins

T’es pas né à Sète

Pour de rien

Toi le poète

Toi le voyou

Aux pas si fous

Qui des monts de la vie

Avait des yeux si faim

Voulant d’un tas d’p’tits riens

En écrire tonnes de poésie

Tu détournais l’regard

Sur l’quai des filles

Vers ta douce guitare

Sous la lune qui frétille

Sur le port tu leur jouais

Ce qu’elles voulaient

Croquer aux fruits défendus

Contre leurs mœurs plutôt tendues

Tu passais à l’oeil des maris

Comme leur pire ennemi

Un collectionneur d’amantes

A l’arme nonchalante

Ta musique n’était pas rock

Pourtant frémissaient-elles sur ton roc

Se dandinant toutes cambrées

Sur ton cheval fougueux de liberté

Le vent marin

N’était pas loin

De ces sirènes

Que tu fis reines

Brassens avec chaleur

Tu m’distrais en chemin

Quand dans mon cœur

Me vint ce refrain

On t’avait envoyé à Paris

Comme un enfant maudit

On t’avait envoyé à Paris

Comme un enfant puni

C’est l’Auvergnat qui t’avait accueilli

Quand du monde tu fus refroidi

Lui qui t’donnait trois bouts de bois

Quand dans ton âme t’avais froid

Sa Jeanne te prit dans ses bras

Toi l’exilé fit son pacha

Tu la comblais de tant d’caresses

De toutes tes rimes

De tes vers d’tendresse

Elle s’enivrait jusqu’aux cimes

C’est drôle

Comme tout l’monde

A présent

Rigole

A tes poèmes

Frais comme des champs

Y’a rien d’immonde

Que des souvenirs qu’on sème

Des bêtises de jeunesse

Des p’tits tours de prouesses

Brassens avec bonheur

Tu m’distrais en chemin

Quand dans mon coeur

Y’a plus rien qu’un chagrin

P’t’être bien qu’les dieux

Sont tombés dans ton pieux

Le premier est Cupidon

A aimer tes rebonds

Toi le poète toi le sportif

De l’amour sur les récifs

Le verbe haut audacieux

J’ai trouvé ton lit licencieux

Peuplant mes nuits blanches de Félicie

De Fernande et d’Éléonore aussi

Décrétant aux solitaires

Endurcis célibataires

La bandaison

Est déclarée ouverte à toute saison

Bien que des polissons de la chanson

Y’en ait plus dans nos maisons

Leurs mots sont tous confinés dans des ordonnances

Des envies passées sous silence

Les maris n’ont plus de toi

Maintenant à se soucier guère

Maintenant qu’ton glaive adroit

Est au repos couché au cimetière

Y’a qu’les mâles des vers

Sous terre qui vivent l’enfer

Quand tu pousses dans l’noir

Ta chansonnette

Ma belle mon espoir

Ma mignonnette

Brassens avec candeur

Tu m’distrais en chemin

Quand dans mon cœur

J’écris mes parchemins

A tous ces amours

Que je n’ai pas eus

A tous ces yeux au jour

De pluie qui m’ont plu

Je tente des quatrains

Plein d’ampoules

P’t’être en vain

Sans pieds sans formalités

Juste pour m’délivrer

Dans ma tête des vents de la houle

Écarter les barreaux

De l’étreinte de mes mots

Voir au bout d’ma lorgnette

Saperlipopette

Ce ‘p’tit oiseau

Trouvant le monde tout beau

Avec toi Brassens

C’est presque toujours la fête

D’un prince

Des taudis

Qui en aimait

Sacré nom de dieu

De tous ses vœux pieux

La vie

Thierry Rousse
Nantes, jeudi 19 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"

J’ai rendez-vous avec la lune

Une vie parmi des milliards

J’ai rendez-vous avec la lune

Et le soleil ne le sait pas

Pour elle j’me suis fait beau

Blanc et noir

Le coeur rempli d’espoir

J’ai rendez-vous avec la lune

Un mercredi

J’ai oublié tout mon sac de rimes

Et puis tant pis

J’ai laissé couler mon coeur dans ses yeux

Et la lune m’a souri

Je vois ta terre

Si bleue

Je t’envie

Moi si blanche

Et si froide

Tu ne pourrais vivre près de moi

Tu m’abandonnerais c’est sûr

Tu reviendrais vers elle

Et tu planterais en me quittant

Un drapeau de ta raison

Dans mon sein

Croyant m’avoir conquise

Bien qu’en rien

Je ne te serais acquise

Je suis la lune qui t’aime

Tu es la terre que tu détruis

Tout en me contemplant

Tu crois une nuit m’avoir toute à toi

Comme un dernier espoir

Pour combler ton désespoir

Que ferais-tu de moi

Un autre corps

Ton patrimoine

Qu’une nouvelle proie

J’ai rendez-vous avec la lune

Et le soleil ne le sait pas

Pour elle je me suis fait beau

Noir et blanc

Le coeur transparent

Je lui ai confié toutes mes envies

Tout ce qui va de travers dans ma vie

La lune m’a écouté

Patiemment

Elle m’a pardonné

Et renvoyé seul à ma réalité

Je ne serai jamais ta terre

Entre donc bien cette vérité dans ta tête

Tu n’as qu’une seule mère

Alors prends soin d’elle

Comme la plus belle

Des planètes

Il n’y en a qu’une dans l’univers

Ma sœur la terre

J’ai rendez-vous avec la lune

Et le soleil ne le sait pas

Pour elle je me suis fait tout petit

Comme un croissant

De plumes

Écrivant mes confidences

Dans le silence de la nuit

Sur mes larmes

La lune a déposé

Son baiser

Argenté

On se reverra

Toi et moi

On se reverra

Ne m’oublie pas

Pense à moi

Pense à moi

Et à toi

Et à toi

Thierry Rousse
Nantes, mardi 17 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"